La culture occidentale chez Murakami

 

Takashi Murakami a beau se servir et mettre en scène, principalement, la culture qui est la sienne, la culture pop et traditionnelle japonaise, il n'est pas pour autant sourd et aveugle en ce qui concerne la culture occidentale et américaine. Certains de ses travaux s'inspirent, même, directement de cette culture de masse qui a envahi le monde entier au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Après tout, la culture pop japonaise doit beaucoup à la culture occidentale et, plus particulièrement, son émancipation progressive (notion pas forcément naturelle pour la plupart des japonais, connus pour leur grande obéissance qu'est en train de remettre en cause et en question une grande partie de la jeune génération), largement entamée par des artistes tels que Takashi Murakami. Mais la culture occidentale doit également beaucoup au Japon qui exerce, depuis longtemps, une grande fascination sur les pays dits de l'Ouest.

 

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Cet attrait ne fait que croître lorsqu'en 1638, le Japon ferme ses frontières. Pendant plus de deux cents ans, les échanges s'effectuent uniquement par l'intermédiaire d'une petite colonie de marchands hollandais autorisée à vivre sur l'île de Deshima dans la baie de Nagasaki. Le libre-échange n'est restauré qu'en 1958, date à laquelle le raz-de-marée de la 'japomanie' déferle sur l'Europe et l'Amérique.
 
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Livre de Lionel Lambourne, Japonisme

 

Ainsi, l'artiste Takashi Murakami nous rappelle ce lien d'échange qui existe depuis plusieurs siècles entre deux grands pôles culturels de la planète : l'Occident, mené tambour battant depuis la Seconde Guerre Mondiale, par les Etats Unis d'Amérique, qui s'est depuis longtemps imposé dans les esprits et l'Orient, abritant le fascinant Pays du Soleil Levant, d'où il est originaire et dont on commence à peine à prendre conscience de la présence majeure.

 

 

La culture pop japonaise reprend, de façon évidente, les grands codes de la culture occidentale et américaine.

 

Les Otaku admirent les bishôjo (jolies filles) comme les américains admiraient les pin-up, dans les années 50. Takashi Murakami reprend cette idée avec son oeuvre Hiropon, où il reprend les codes de la pin-up et du personnage sexy de hentai (manga à caractère pornographique) ; poitrine plantureuse, poses sexy prétextes à la mise en scène du corps de la femme comme objet pour le plaisir des yeux, qu'il détourne pour en faire un personnage plus dérangeant et effrayant que désirable.

 

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Une pin-up est une femme dans une pose attirante ou « sexy » dont on accroche la représentation sur un mur, d'où l'expression anglaise de « pin-up girl » qui pourrait se traduire en français par « jeune fille punaisée au mur ».
 
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Source

 

Or, dans la culture Otaku, l'image (et, à travers elle, l'artificiel) occupe une grande place car c'est le monde faux qui les intéresse, au point de créer, parfois, une véritable obsession.

 

Il en va de même avec My lonesome cowboy, nom qui n'est pas sans rappeler celui du célèbre cowboy, Lucky Luke qui, bien que créé par un belge, n'en est pas moins un cowboy typiquement américain, dans un univers propre aux westerns.

 

De plus, il le dit lui-même, en dépit de sa volonté de se démarquer de l’art occidental, Murakami éprouve beaucoup d’attachements pour la culture pop américaine, laquelle a énormément influencé son travail :

 

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Star Wars et la culture cinématographique des années soixante-dix ont laissé des traces indélébiles sur mes œuvres.

 

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Ainsi, Inochi (en savoir plus) ressemble à s'y méprendre au petit extraterrestre de S. Spielberg, E.T. et s'inspire, comme il lui dit lui-même, de A.I. Intelligence Artificielle de S. Kubrick.

Takashi Murakami revendique également l’héritage des pères du pop-art comme Roy Linchtenstein (artiste anglais) et Andy Warhol (artiste américain), mais son art est une réflexion sur sa propre culture et diffère de ses maîtres en se diversifiant dans le domaine des accessoires de tous genres : les sacs pour Louis Vuitton, les ballons de foot, les tapis de souris… qui sont tous aussi essentiels dans sa démarche de la création artistique.

Il crée également un hommage au peintre Irlandais, Francis Bacon qui, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, choque les esprits en réalisant des peintures qui rappelle, de par la mise en scène de corps défigurés et disloqués, les ravages d'une guerre que l'on préférerait pouvoir oublier. Enfin, avec ses Jellyfish Eyes, il reprend le célèbre procédé de all-over répétitif, comme chez Lee Krasner ou celui de Jackson Pollock, artiste américain, et, dans de nombreuses oeuvres, reprend l'idée des coulures de peintures beaucoup utilisées par ce même artiste.

 

Il n'hésite pas, non plus, à travailler avec des artistes américains tels que la célèbre actrice Kirsten Dunst, le réalisateur McG (en savoir plus) ou encore le rappeur Kanye West (en savoir plus) et la marque française de maroquinerie, Louis Vuitton (en savoir plus).

 

Pollock. Number 8, 1949 (detail) 1949
Oil, enamel, and aluminum paint on canvas
Neuberger Museum, State University of New York.

 

Takashi Murakami, Davy Jones’ Tear, 2008
acrylic and gold leaf on canvas mounted on board
118 x 92.3 inches (299.72 x 234.44 cm)

Mr Dob
Avec Mr Dob (en savoir plus), l'un des personnages les plus représentatifs des problématiques qui l'intéressent et qui fait figure d'autoportrait et marque son oeuvre, Takashi Murakami rassemble des symboles forts : Mickey Mouse, personnage de Walt Disney connu dans le monde entier et des personnages propres à l'imaginaire japonais désormais presque aussi connus que leur cousin américain, tels que Doreamon ou encore Sonic le Hérisson.

 

Sources image: Google images