Archives de catégorie : Secrets d’Histoire… de l’Art

Envie d’apprendre les secrets d’un tableau ? De découvrir de nouveaux artistes ? Ou des oeuvres qui mériteraient d’être plus connues ? Suivez les Secrets d’Histoires de l’Art de Studinano !

Ike ike Japan ! Le Seaside Park de Hitachi

Aujourd’hui, je vous emmène en voyage ! Empoignez vite vos valises, nous partons au pays du Soleil Levant, l’archipel magique tant adulé et, finalement, si méconnu ; le Japon, bien sûr.

Je ne vais pas vous parler de l’entièreté de la patrie du manga. Il en faudrait, des pages, des livres, des encyclopédies ! Je voudrais vous parler d’un endroit dont les photographies circulent énormément sur internet, au point que vous les avez peut-être croisées sur Pinterest, Tumblr ou ailleurs, mais que vous ne connaissez peut-être pas plus que cela. C’est un endroit auquel nous ne penserions pas forcément si nous devions décrire le Japon, nation des robots et autres objets de haute technologie en tout genre, aux villes surpeuplées, aux écolières court-vêtues, aux otaku et autres cosplayers frappadingues (mais carrément fascinants, selon moi).

Et pourtant…

Voici quelques photographies, pour le moins magiques, montrant une toute petite partie du Seaside Park de Hitachi. A l’heure actuelle, ce parc s’étend sur 120 hectares mais il prévoit de s’agrandir jusqu’à 350 hectares.

Pour l’anecdote, le parc s’est installé sur une ancienne base militaire américaine et les japonais peuvent s’y rendre aussi bien pour d’agréables balades en vélo que pour d’autres activités familiales puisque le parc dispose aussi de différentes zones de loisirs.

Faire pousser des fleurs  sur un ancien lieu de guerre, l’idée est poétique. En fait, l’ensemble est très japonais dans l’esprit ; la végétation n’y pousse pas en toute liberté, tout est en ordre. Les couleurs sont coordonnées et choisies avec précision. Dans le Seaside Park on peut donc côtoyer la nature, oui, mais pas livrée à elle-même ni au hasard. Or, maîtriser la nature, quelle qu’elle soit (humaine, végétale..), est vraiment l’une des ambitions nippones.

De fait, en plus d’être le pays des robots intelligents, rappelons que le Japon cultive depuis toujours l’art des jardins. Des jardins zens qui ont fait, en partie, la réputation de l’archipel. Ils pratiquent également l’art des compositions florales appelé l’ikebana (« la voie des fleurs » en japonais) et qui consiste en l’art de faire vivre les fleurs. Ces compositions, de la même manière que les jardins zens, recherchent l’harmonie des lignes, des couleurs, des formes avec un certain penchant pour le minimalisme.

En tout cas, le Seaside Park est sublime. Il n’y a que moi que ça fait rêver ? o/

Quoiqu’il en soit, gardez vos valises sous le coude ; la prochaine fois, je vous entraine dans un autre parc japonais, plus magique encore.

Coup de foudre à Urbino

Piero della Francesca, Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza, 1465-66
Piero della Francesca Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza Tempera on panel, 47 x 33 cm (each) 1465-66

(cliquez pour agrandir)

Voici le diptyque d’Urbino de Pierro della Francesca. Il s’agit d’un double portrait en médaille, aujourd’hui conservé au musée des Offices à Florence en Italie (sans doute un des plus beaux musées au monde, d’ailleurs, mais passons). Vu comme ça, ce tableau peut paraître bien classique ; il s’agit d’un homme et d’une femme qui, de toute évidence, n’ont jamais obtenu le premier prix de beauté (et vous ne croyez pas si bien dire !), rien de plus. Et, très franchement, c’est exactement ce que je me suis dit lorsque ce tableau m’a été présenté en cours il y a quelques années.

Alors, quoi ? Qu’est-ce qu’il a de particulier, ce tableau ?

Son histoire !
Et j’ai été totalement bouleversée par l’histoire de ce tableau, lorsqu’elle m’a été présentée en première année de Licence en Arts Plastiques. Mon professeur avait alors l’art et la manière de raconter les histoires. Et avec celle-ci, il a fait mouche sur moi.
En effet, ce tableau possède une histoire tout à fait particulière et, pourtant, à cause de son apparente banalité, bien des visiteurs des Offices de Florence passe devant lui sans lui prêter la moindre attention (et pour cause, pour les connaisseurs – et les autres aussi, d’ailleurs – parce que ce musée regorge de tableaux à voir et de véritables petites merveilles picturales).

Nous pouvons y voir le Duc et la Duchesse d’Urbino. Urbino (Urbin, en français) est une commune de la province de Pesaro et Urbin dans les Marches en Italie. Une très ancienne commune, s’il en est, car elle existait déjà au XVe siècle (Quattrocento). A l’époque où a été peint ce tableau, les deux protagonistes de ce tableau régnaient donc sur ce duché italien.

Le Duc (Federico da Montefeltro) était une sorte de mercenaire de l’époque. Il avait sous ses ordres une grande armée qu’il mettait au service du plus offrant. C’est ce qui lui a valu ce physique un peu ingrat, qui nous amène à la première petite histoire propre à ce tableau : il faut savoir que l’on avait pour habitude de placer l’homme à gauche et la femme à droite, dans ce type de portrait. Or on constate ici que le Duc a été sciemment placé à droite. Pourquoi ? Parce que son œil droit (caché sur cette peinture) avait été énucléé lors d’un combat. Pour l’anecdote, il semblerait aussi que le peintre l’ait coiffé d’un chapeau pour cacher sa calvitie quelque peu avancée (on n’avait pas encore inventé Photoshop mais on avait déjà le goût de la chose, vous voyez)…

Quant à la Duchesse (Battista Sforza), elle était fille de banquier. C’est à 14 ans qu’elle épousa le Duc alors qu’il avait déjà 38 ans. On mariait les jeunes filles très tôt à l’époque car il y avait peu de chance qu’elles survivent bien longtemps. Elles mouraient le plus souvent en couche. Seulement, malgré son jeune âge, son éducation avait fait d’elle une fille d’une rare intelligence ; elle gérait, en effet, toute l’économie du duché (bon, et puis, elle lisait le latin, composait de la poésie,… une fille toute à fait normale pour l’époque, prenez-en de la graine mesdemoiselles ! :p).

Nous en sommes donc là : voilà une jeune fille de 14 ans vouée à pondre quelques mômes et à mourir pour les beaux yeux de son guerrier de mari (ou le bel oeil, plus exactement, puisque nous avons vu que le monsieur en avait déjà perdu un…) de 24 ans son ainé… Une belle histoire en perspective ? C’était un peu mal barré, me direz-vous.
Honnêtement, on y croit pas une seconde, n’est-ce pas ? Je veux dire, un film sur le sujet ne pourrait être que français (ouf, on va encore me taper dessus). Genre drame sur la vie de l’un et de l’autre. On devine déjà les conquêtes du grand méchant Duc et le dévouement absolu de la Duchesse à Dieu, acceptant son rôle et son sort sans même se poser de question…
Et bien non. En réalité, nous serions plutôt en face d’un drame, certes, mais bien un drame romantique. Le genre à la mode, en ce moment. L’amour impossible. L’amour éternel. Les vampires en moins mais on pourrait quand même parler de Twilight de l’époque (bon, en moins glamour, je vous l’accorde, RPatz et sa copine ont quand même des tronches plus agréables à regarder, hein, bon, mais pour l’époque, disais-je… et pour une histoire vraie, surtout !) ou encore, puisqu’on en est là, d’un amour à la Roméo et Juliette, qui va au-delà de la mort !

Et oui, et oui, et oui… Comment se douter qu’un tel tableau cache un drame Shakespearien ? Et pourtant…

En 1472, donc, la Duchesse tombe malade. Le Duc est alors parti au combat et on lui demande de rentrer au plus vite car elle ne survivra plus bien longtemps. Il s’exécute mais, malheureusement, arrive trop tard… (musique dramatique à l’américaine, faites un petit effort d’imagination, c’est tragique, vous pouvez même verser votre petite larme). Et son chagrin est très grand. Et oui, il aimait beaucoup sa femme. Il va donc passer une commande de portrait au peintre Pierro della Francesca. Il va commander ce portrait en médaille qu’il installera dans son studiolo (nom italien donné à un petit cabinet de travail). Un portrait un peu particulier car, contrairement à ce qui est aujourd’hui le cas, il ne sera pas encadré mais présenté à la manière d’un livre (je dis ça car il dispose aujourd’hui, au musée des Offices où il est en exposition, d’un cadre doré assez tape-à-l’oeil qui fausse complètement la forme initiale de l’objet et que vous pouvez d’ailleurs voir ci-dessus)… Ainsi, une fois refermé, les deux portraits se touchaient, s’embrassaient. Une façon symbolique de sceller leur amour, leur union d’autant plus que dépliées aussi, les peintures leur permettent de se regarder à jamais.

Le Duc ne se remariera jamais. Ce qui était très peu courant pour l’époque. Pas même pour donner une nouvelle mère à son fils.

Plus glauque : le Duc a ici été peint de son vivant mais ce n’est pas le cas de la Duchesse, qui était déjà décédée. Ainsi, on ne peut que constater la pâleur excessive de son visage (et ce même si le maquillage de l’époque voulait que le visage des femmes soit poudré à outrance). Le Duc fait face au cadavre de sa femme. Une femme a qui on a fait revêtir une coiffure de mariage (et oui, il y avait des coiffures spécifiques pour chaque occasion ou presque, à l’époque, mais je reviendrai peut-être là-dessus une autre fois).

Voilà. Dernière anecdote : à l’arrière de ces deux panneaux, on peut voir deux autres peintures (voir ci-dessous), représentant encore le Duc et la Duchesse, sur deux chars de triomphe allant à la rencontre l’un de l’autre. Ils sont entourés d’allégories diverses (par exemple, la Justice et d’autres). C’est sur ces peintures que l’on peut le mieux constater à quel point la Duchesse a bel et bien l’air morte. Son teint est livide et elle peut sembler effrayante. Son char est d’ailleurs tiré par des animaux fantastiques, contrairement à celui de son époux. Quant au Duc… il est présenté, cette fois, fièrement vêtu de son armure et son profil est celui de son œil énucléé. Et c’est souvent cette partie du tableau et ce genre de détails qui attirent le plus de spectateurs.

Bref…
Joyeuse Saint Valentin :)

Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza (reverse sides)

Piero della Francesca
Portraits of Federico da Montefeltro and His Wife Battista Sforza
(reverse side)
Tempera on panel, 47 x 33 cm (each)
1465-1466

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Hans Zatzka : Les femmes mignonnes

Il est difficile pour moi de ne choisir qu’une seule oeuvre de Hans Zatzka car j’aimerais toutes les partager avec vous (d’autant plus que j’ai l’impression qu’il est assez méconnu du grand public). Je suis littéralement amoureuse de son style pictural ; la façon dont il utilise les couleurs, dont il réalise les drapés, les décors dans lesquels ils placent ses personnages… Bref, je suis sous le charme. C’est doux, léger, poétique. Ici, il s’agit de la Symphonie des Nymphes de l’eau. Je vous laisse admirer la façon dont l’artiste a réalisé, à la fois, la transparence de l’eau et celle des drapés, mais aussi les détails des chevelures et, dans le décors, des plantes, le moindre feuillage. J’espère que vous aimerez autant que moi.

Symphony of the water nymphs
Symphony of the water nymphs
Oil on canvas
79 x 64 cm
(31.1 x 25.2 in.)

Hans Zatzka (1859-1949) était un peintre autrichien spécialisé dans les sujets religieux ou mythologique mais surtout reconnu pour la façon dont il représentait les figures féminines.

Des figures qui ont presque l’air de poupées de porcelaine, toutes plus mignonnes les unes que les autres. Il faut dire que l’artiste représente beaucoup de nymphes. On peine à imaginer qu’elles pourraient être laides ! Toutefois, il peint également des « humaines » qui ne sont pas moins jolies.

Mais ce qui me plaît le plus, je crois, c’est que je n’ai pas trouvé de représentations ultra-sexualisée du corps de la femme dans les peintures de Zatzka. Ses figures sont charmantes mais pas nécessairement aguicheuses. Même dans une peinture comme Anticipation, où une femme en sous-vêtements attend, de toute évidence et de façon très amusée, que son amant surgisse dans sa chambre. (D’ailleurs, le déshabillé que porte la femme représentée dans cette peinture me plaît beaucoup, j’en veux bien un pareil. A bon entendeur.) Zatzka peindra plusieurs toiles du même genre, mettant en scène ce même « jeu » d’amoureux.

Date (Rendez-vous) ou Anticipation Oil on canvas - Huile sur toile 70 x 40 cm  (27.6 x 15.7 in.)
Date (Rendez-vous) ou Anticipation
Oil on canvas – Huile sur toile
70 x 40 cm
(27.6 x 15.7 in.)

Cela n’empêche pas Zatzka de réaliser toute une série de portraits en « trous de serrure ». Littéralement : on peut y voir des femmes en déshabillés comme si nous regardions à travers un trou de serrure. Pourtant, même ces réalisations ont quelque chose de mignon. On est loin de la pornographie hard, vous voyez ? Disons que c’est coquin. (j’adore ce mot, mais allez placer ça quelque part de nos jours… Wait. Je crois que cette phrase est tendancieuse)

Femme nue en déshabillé, vue par le trou de la serrure Oil on panel - Huile sur panneau 47 x 32 cm  (18.5 x 12.6 in.)
Femme nue en déshabillé, vue par le trou de la serrure
Oil on panel – Huile sur panneau
47 x 32 cm
(18.5 x 12.6 in.)

D’aucuns trouvent que ses tableaux sont mièvres, niais et sans grand intérêt mais je les trouve très beaux (et puis, d’aucuns pensent ça aussi des tableaux d’Antoine Watteau, par exemple, ce qui ne l’empêche pas d’être connu comme un des plus célèbres peintres français). Ils sont, pour moi, un peu de douceur et de fraicheur dans un monde de brutes. Quant à la maîtrise technique de l’artiste, elle est indéniable. Mais là encore, certains diront que l’art n’a pas pour vocation de faire du beau… Et il est vrai. Ce qui ne veut pas non plus dire qu’il n’a pas à en produire du tout !

Hans Zatzka
Arabian Nights
Oil on canvas
75.2 x 63.1 cm
(29.61″ x 24.84″)
Private collection

Cette danseuse orientale est une autre de ses toiles que j’admire particulièrement. En grande partie pour le choix des couleurs employées. Elle est une parfaite représentation de l’ambiance des Milles et unes Nuits. On pourrait presque entendre la musique et voir danser la jeune femme.

Voici quelques autres de ses toiles dans lesquelles je vous invite à admirer les détails et les couleurs, les jeux de lumière et la composition car tout est absolument admirable :

Hans Zatzka
Skittles
Oil on panel
31.3 x 47 cm
(12.32″ x 18½ »)
Private collection

Hans Zatzka - Sleeping Beauty

Hans Zatzka

Hans Zatzka

Le verre et Dale Chihuly

Photo de Dale Chihuli
Photo de Dale Chihuli

Dale Chihuly est un artiste verrier américain (né en 1947) à l’allure étrange (depuis un grave accident de voiture, il porte un bandeau sur l’oeil gauche qui lui donne l’allure d’un pirate) on ne peut plus prolifique.

Et c’est tant mieux, car c’est un véritable magicien !

Il façonne des bulles, des fleurs, des tiges, des frondes scintillantes, transparentes, translucides, somptueuses

Pourtant, son travail consiste aujourd’hui à guider ses employés et non plus à souffler lui-même le verre. En effet, il n’en est plus capable depuis qu’un autre accident (de bodysurfing, cette fois) lui a valu un problème à l’épaule.
A ce propos, lors d’une interview en 2006, l’artiste explique que depuis qu’il n’a plus le nez sur ses créations, il aime ce qu’il voit. Autrement dit, cela lui permet de voir ses oeuvres sous un autre angle.
Chihuly se décrit aujourd’hui davantage comme le chorégraphe de ses oeuvres alors qu’il en était autrefois le danseur.

Bref, l’artiste a changé de façon de travailler mais il n’en reste pas moins l’instigateur de toutes ses créations.

Son travail s’articule autour des formes naturelles et l’ensemble de ses créations semblent flotter et être d’une légèreté fascinante. Ses oeuvres me font parfois penser aux barrières de corail et ressemblent souvent à des paysages aquatiques multicolores. J’adore la faculté de l’artiste à mêler les couleurs et la lumière. Chihuly explore les possibilités du verre (de son opacité à sa transparence, en passant par tout un tas de variantes) jusqu’à parvenir à une sorte de surréalisme-naturel. Je ne me lasse pas de regarder ses créations dont je ne vous donne ici qu’un tout petit aperçu.

Pour en voir davantage, je vous conseille de faire des recherches à son sujet ou de visiter son site officiel : http://www.chihuly.com/

Croyez-moi, vous ne le regretterez pas !

The White Woman de Gabriel von Max : Petite histoire de la Dame Blanche

Difficile pour moi de choisir une seule et unique toile de Gabriel von Max alors il est fort possible que je vous en présente d’autres à l’occasion. Voici, en tout cas, The White Woman (La Dame Blanche).

Étant donné que les thèmes de prédilection de cet artiste autrichien étaient l’anthropologie, la parapsychologie et le mysticisme, il m’intéresse forcément. En fait, je suis assez fascinée par la plupart de ses toiles, tout comme je peux l’être des thèmes qu’il traite en général.

Par exemple, The White Woman est un tableau qui me dérange particulièrement. Dans le bon sens du terme, bien sûr. Le regard de cette femme fantomatique qui ne nous regarde pas est empli d’une absence de vie qui me met mal à l’aise. Elle semble complètement vide. Absente. Le peintre transcrit ici avec brio la transparence du vêtement, le teint laiteux de la peau et les contrastes (notamment entre la femme et l’obscurité de la pièce d’où elle surgit).

Bref, cette toile a quelque chose de vibrant, malgré l’apparente absence de son occupante. On s’attendrait presque à ce qu’elle s’avance vers nous, passe à nos côtés et disparaisse dans notre dos, sans raison, sans explication, tel le fantôme qu’elle semble être.

Gabriel von Max - The White Woman
Gabriel von Max (1840–1915), « Die weiße Frau », 1900
Huile sur la toile 100 × 72 cm
Collection privée

Difficile, bien sûr, de ne pas penser au mythe de la Dame Blanche. Si, de nos jours, elle tient plus de la légende urbaine, les histoires de « dames blanches » sont pourtant bien plus ancienne. Sorcières, fées, voyantes… Elle a eu bien des rôles au fil des siècles, tantôt bienfaitrice, tantôt porteuse de grands malheurs.

Généralement, la Dame Blanche sert de messagère : son apparition est signe d’une morte prochaine. Dans les légendes contemporaines, elle peut aussi être l’instigatrice de la mort (d’après les histoires, elle dérouterait par exemple les conducteurs en se plaçant au bord d’une route, la nuit, ou pénétrerait leur véhicule sans prévenir, selon les variantes).

Il semble que même les esprits éveillés comme Érasme croient aux histoires comme celle de la Dame Blanche :  « Un des faits les plus connus demeure l’apparition de la dame blanche aux familles princières. » (Source : Érasme, Des prodiges, In Dictionnaire du Diable et de la démonologie, Marabout université, 1968, p. 51) De nombreuses têtes couronnées ont d’ailleurs prétendu, au fil des siècles, avoir vu des Dames Blanches, généralement avant leur mort ou celle d’un de leurs proches.

Par conséquent, qui est la Dame Blanche de la peinture de Gabriel von Max ? Elle a tout l’air d’un fantôme et son regard vide laisse penser qu’elle ne « vit » pas forcément sur le même plan que nous, comme si elle regardait vers un ailleurs que nous sommes incapables de voir. Elle porte des clefs à sa ceinture. Que sont-elles censées ouvrir ? On serait tenté de penser que la porte qu’elle vient de franchir et qui donne sur une complète obscurité, a peut-être été ouverte par l’une de ses clefs. A moins que celles-ci ne soient utilisées pour passer du monde des vivants à celui des morts ? Toutes les hypothèses sont envisageables. Il se peut aussi qu’elle soit la gardienne de quelque chose mais nous ignorons quoi. Elle est une mystérieuse jeune femme, à la fonction tout aussi secrète.

C’est sans doute ce qui éveille une certaine crainte en nous, à la vue de ce tableau. On ne sait pas si la Dame Blanche est porteuse d’un message heureux ou non. On ne peut pas même être sûre qu’elle est bien porteuse d’un message. Est-ce une hallucination ? Un rêve ? Un cauchemar ? La porte de la toile s’ouvre surtout sur toutes les interprétations possibles. Cette jeune femme a mille histoires ; tout comme le mythe de la Dame Blanche a connu mille variantes.

Et vous, que vous évoque cette Dame Blanche ?