Tous les articles par Studinano

Créatrice et administratrice de Studinano. Artiste plasticienne. Professeur d'Arts Plastiques. Diplômée d'un Master de Recherche en Arts Plastiques. Doctorante en Arts et Humanités : "Le Steampunk en Hauts-de-France : raconter notre patrimoine industriel"

Shane Waltener

Voici une partie du travail que réalise l’artiste londonien Shane Waltener.

Ici, il s’agit d’une oeuvre réalisée avec de la laine, travaillée à la manière de toiles d’araignée. J’ai trouvé cette idée particulièrement belle et poétique.

D’ordinaire, nous nous efforçons de traquer la moindre petite toile qu’une de ces horribles petites bêtes à huit pattes aura tissé dans tous les coins de notre maison. Nous oublions, bien souvent, d’observer l’incroyable complexité qui se cache derrière ces créations naturelles et, finalement, la forme certaine de beauté fascinante qu’elles dégagent. Ces toiles ne sont-elles pas incroyables ? Elles sont presque invisibles, pièges tendus face aux proies de l’araignée qui, sans cesse, depuis la nuit des temps, se laisse prendre à ce jeu fort bien pensé.

La toile, aujourd’hui, est d’autant plus porteuse de symbolique qu’elle est aussi le surnom de l’Internet. De là à dire que nous serions tous d’éventuelles araignées ? Ou, plus sûrement, les proies de ces dernières ? Il n’y a qu’un pas. La morale de cela serait donc de savoir, tout autant, apprécié la beauté de la toile (quelle qu’elle soit) tout en n’oubliant pas de s’en méfier raisonnablement.

Toile : Second Life

Second Life
Peinture acrylique sur toile
50cm/61cm
Plus d’informations et vue complète sur : https://www.studinano.com/

Comme vous le savez peut-être, Second Life est, tout d’abord, le nom d’un célèbre monde virtuel en ligne massivement multi-joueurs. Un jeu vidéo célèbre pour son principe de base, censé offrir une sorte de « seconde vie » à ses joueurs. Dans cet environnement, il est donc possible de faire absolument tout ce que vous pourriez faire dans la vie réelle et plus encore. Quant à savoir où se situe l’intérêt d’un tel jeu…

Quoiqu’il en soit, étant donné que ma pratique est tournée essentiellement vers les nouvelles technologies et l’Internet, ce titre me paraissait tout à fait adapté à cette peinture.

Ici, une Faceless Girl (en savoir plus sur les Faceless Girls et dans d’autres nombreux articles de ce blog) est allongée dans l’herbe. Est-elle seulement endormie ? Peut-être est-elle morte ? Ou encore, s’agit-il d’une sorte de phénomène propre à ce qu’elle est ou d’un rituel ? Autour d’elle, ses cheveux forment une sorte de réseau étrange qui semble se mêler à la pelouse. La Faceless Girl n’est pourtant pas un être naturel ; elle est née dans un environnement virtuel, elle n’existe pas dans notre réalité. Aussi, tout ce qui l’entoure n’est pas plus tangible qu’elle. Cependant, elle se mélange à un environnement qui, comme le notre, lui est naturel. Elle s’en nourrit ou elle le nourrit. Comme tout être, elle a deux vies ; son existence et ce qui lui succède. Cette peinture évoque ces deux formes d’existence sans déterminer exactement s’il s’agit de l’une ou de l’autre. Son titre, Second Life, évoque à la fois ce phénomène de double vie mais également l’idée de la virtualité de mon personnage et de son environnement.

 

A noter également que cette toile était aussi pour moi une façon de faire référence aux préraphaélites que j’admire énormément pour leur sens des couleurs, du détail et de la mise en scène. Egalement, il faut bien le dire, parce que de nombreuses jeunes femmes aux longs cheveux blonds étaient les sujets de leurs peintures. Etant petite, je me prenais parfois à imaginer que je pouvais devenir un de ces sujets ou, plus intéressant encore, que ces femmes étaient peut-être mes ancêtres et que l’histoire de ma famille grouillait d’histoires palpitantes qu’il me plaisait d’imaginer. Cette Faceless Girl s’inspire surtout de l’Ophélie de John Everett Millais.1

 

Ophelia

 

1Ophelia, Sir John Everett Millais 1851-52, Huile sur toile, 76 x 112 cm, Londres, Tate Gallery

Les Autarkëia

Aujourd’hui, laissez-moi vous présenter les Autarkëia.

Leur nom provient du mot « autarcie » car ces humanoïdes possèdent des caractéristiques physiques qui leur permettent de vivre sans aucune aide particulière du monde extérieur. Ils réutilisent leurs ressources de base en continu ; air, besoins nutritionnels… Ce qui a été introduit un jour dans leur système le reste à jamais tant que la boucle qui sert de circuit de transport à ces éléments vitaux ne se brise pas. Ils ne sont ni homme, ni femme, bien que leur corps puisse être plus ou moins féminin ou masculin, selon leur naissance. Leur reproduction est donc un mystère mais certains disent qu’ils naissent au loin, d’abord dans le sous-sol des forêts reculées puis à l’air libre, dans celles-ci. Leur masque, semble-t-il, ne leur est donné que plus tard mais, du fait de la méconnaissance qui entoure le lieu de leur création, personne ne sait quel visage (ou non-visage) peut bien se cacher dessous.

Les Autarkëia évoluent dans le même univers virtuel que les Faceless Girls. Ils leur ressemblent, par certains aspects. Nul ne sait si les Faceless Girls étaient là avant les Autarkëia ou l’inverse. Ainsi, impossible de savoir qui a bien pu créer ces personnages à l’allure pour le moins robotique (bien que certains d’entre eux possèdent plus de caractéristiques robotiques que d’autres, d’ailleurs, qui peuvent paraître beaucoup plus humains). Quoi qu’il en soit, il semble que les Autarkëia n’aient pas de volonté propre. Ils effectuent inlassablement les mêmes tâches. Ils sont très à cheval sur les règles, quand bien même celles-ci seraient pour le moins étranges ou farfelues. Ainsi, si un Autarkëia pense qu’il doit se mettre tout-à-coup à danser des heures durant, il le fera sans jamais se poser de questions.

Au sein du monde qu’ils partagent avec les Faceless Girls, les Autarkëia ont un rôle obscur mais il semble bien qu’ils soient des sortes de gardiens, immuables, sources et gardiens de bien des souvenirs et des secrets. Les Autarkëia veillent au bon déroulement des choses, à ce que les règles soient respectées pour que l’équilibre ne soit pas dérangé. Si une Faceless Girl ou un autre personnage de ce monde se mettait, soudain, à ne pas tourner rond, ils seraient les premiers à s’en apercevoir et feraient en sorte que les choses rentrent dans l’ordre. Les Autarkëia, les rares fois où ils parlent, ont d’ailleurs pour habitude de dire « Nous ne nous appartenons pas. Nous sommes ce que nous devons être. »
An Autarkëia
50cm/61cm
Peinture acrylique sur toile

An Autarkëia
Dessin, encre et aquarelle sur papier canson

Rodney Matthews : entre Fantasy et Science-Fiction

Illustration de Rodney Matthews.
Illustration de Rodney Matthews.
Qui est Rodney Matthews ?

Cette illustration est l’une de celles de Rodney Matthews. Et vous allez sûrement me dire que c’est bien beau mais vous avez vu ce genre de dessin des milliers de fois sur DeviantArt et autres plateformes de partage de dessins, en particulier depuis que tout le monde a sa tablette graphique…

Et ce serait vrai.
Si ce dessin ne datait pas en fait de 1986 et que Rodney Matthews n’était pas l’un des plus célèbres créateurs d’illustrations de science fiction et de fantasy au monde. (Rien que ça, oui.)

J’admire énormément son style, son sens du détail et ses compositions magiques. Ses œuvres vendent du rêve ! C’est pourquoi je voulais les partager avec vous aujourd’hui.

Le travail de Rodney Matthews

Rodney Matthews a notamment illustré Alice au pays des Merveilles (et vous le savez si vous passez de temps en temps sur Studinano : j’adore Alice au pays des Merveilles et ce livre inspire de nombreux de mes travaux, comme ma série de dessins « Who is the Mad Hatter ? ») de façon très réussie. Mais on lui doit également les illustrations de nombreux autres livres de fantasy et de science-fiction ainsi que plein de pochettes d’albums (pour le groupe Scorpions notamment mais aussi les Rolling Stones plus récemment). Vous reconnaîtrez forcément des univers que vous connaissez déjà dans ses illustrations : ceux de Tolkien (on reconnaît notamment ses Ents sur certains dessins) ou du Magicien d’Oz, par exemple. C’est là qu’on se rend compte qu’ils sont entrés dans notre culture collective !

Je vous invite à découvrir une partie de ses œuvres ci-dessous. N’hésitez pas à me dire lesquelles vous préférez en commentaire !

Sélection d’illustrations de Rodney Matthews  :

Site officiel de Rodney Matthews : https://www.rodneymatthewsstudios.com/

Portrait d’une Nelumbaë

Nelumbaë – La naissance

50cm/61cm
Peinture acrylique sur toile

 

Le nom de cette toile s’inspire du nom scientifique d’une variété de Lotus. Je l’ai transformée afin de lui insuffler un peu de la magie des noms elfiques à la JRR Tolkien. Nelumbaë peut donc être considéré comme le nom de la petite cyclope à la peau rosée qui est représentée dans cette peinture.

Nelumbaë nait, en effet, d’un Lotus. Il faut savoir que le Lotus se nourrit de la boue pour s’épanouir. C’est une très jolie fleur qui peut surgir des eaux les plus saumâtres. C’est cette caractéristique, porteuse d’une symbolique forte, qui m’intéressait. C’est pour cette raison que je l’ai choisie comme « incubateur » de mes personnages.

Laissez-moi vous les présenter :

Ces derniers sont des cyclopes. Ils apparaissent dans d’autres de mes peintures et ils sont intimement liés à mes Faceless Girls (mais c’est une autre histoire, qu’il faudra que je vous raconte une autre fois ;)). Les Nelumbaë naissent, donc, dans des fleurs de Lotus et sont pourvues soit d’un oeil unique, soit d’une bouche aux lèvres rouge sang. Ce ne sont ni des femmes, ni des hommes. Ils ont un corps assez féminin mais aucune réelle caractéristique sexuelle précise. Ici, Nelumbaë n’a qu’un oeil. Si deux yeux pour l’humanité correspondent à l’état normal, trois à une clairvoyance surhumaine, un seul révèle un état assez primitif et sommaire des capacités à comprendre. Cela est probablement lié à la mythologie grecques dans laquelle les Cyclopes furent tués par Apollon, Dieu de la sagesse. L’oeil unique trahit donc une récession de l’intelligence, ou son commencement, ou la perte du sens de certaines dimensions et de certains rapports. Dans la tradition chrétienne, on représente également souvent les démons de la même manière, pourvus d’un seul oeil. J’imagine les Nelumbaë comme un peuple naissant. Ils évoluent dans un monde étrange, une réalité différente de la notre mais créée par elle ; ils sont le peuple que j’imagine se cacher derrière chaque information que nous laissons sur l’Internet. Ils sont la personnification de toutes ces données que nous injectons dans nos machines et qui, une fois lâchées sur la toile, ne dorment plus jamais.

Dans cette peinture, j’ai aussi choisi de représenter une sorte de rossignol, dont le chant est à la fois symbole d’amour et de mort. Ici, son chant produit des papillons qui, pour moi, sont une bonne façon de personnifier les pensées, les idées. Comme elles, les papillons sont volatiles, fragiles, ils peuvent s’envoler en un battement d’aile. Un papillon met du temps à naître, à avoir de belles ailes colorées. Il doit se développer, de petite chenille, en passant par une certaine période où, enfermé dans sa chrysalide, il deviendra majestueux. Puis, sa vie est relativement courte. S’il n’est pas observé au bon moment, il meurt sans que personne ne s’en soucie car il existe des milliers d’autres êtres comme lui et des millions d’autres moins discrets aussi. Les pensées, les idées sont comme eux. Combien disparaissent sans avoir jamais été ne serait-ce qu’admirées comme il se devait ?

Pour résumer, cette peinture est une sorte de portrait de présentation d’une Nelumbaë. Elle vient de naître et, à travers d’autres travaux, j’espère parvenir à vous raconter également la suite de son histoire :)