Nos villes, nos magasins et peut-être déjà nos maisons se parent peu à peu des premières décorations de Noël : pas de doute, le mois de décembreapproche. Mais en attendant, la grisaille est là, il fait froid, nous sommes tous un peu fatigués et bougons. J’ai donc décidé de vous parler d’une initiative qui devrait vous donner le sourire, aujourd’hui : les Nounours des Gobelins. Car on en a bien besoin !
Nounours des Gobelins : des Nounours géants et trop mignons ont envahi le quartier des Gobelins, non loin de la Place d’Italie, à Paris.
Des Nounours géants dans Paris !?
Ils mesurent 1m40, pèsent environ 5kg, couleur vanille et ont des bouillesqui ne pourront vous empêcher de vous extasier en mode : « Ils sont crôôôôô mignons ! » Ce sont les Nounours des Gobelins.
On les surnomme ainsi parce qu’ils ont envahi le quartier des Gobelins (XIIIème arrondissement) à Paris, depuis fin octobre. On les trouve tantôt en terrasse d’un restaurant, dans un café, tantôt dans le métro, ou encore à la pharmacie, chez le caviste, le fleuriste ou le coiffeur du quartier. Les mises-en-scènes sont nombreuses et changent régulièrement. L’autre jour, ce sont même jusqu’à 37 ours qui apparaissent aux fenêtres de l’Hôtel des Gobelins !
Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? POURQUOI ???
D’où viennent les Nounours des Gobelins ?
« Qui est à l’origine de cette moelleuse invasion ? « La confrérie des francs-oursons », ironise un barman de la rue interrogé par BFMTV. »
Ce serait marrant mais, évidemment… non. Apparemment, c’est le libraire du 25 avenue des Gobelins qui est à l’origine de l’apparition de ces adorables nounours, un peu partout dans le quartier. Il semble qu’il ait acheté les peluches (une cinquantaine !) et les prête aux commerçants ou aux habitants, à la demande. Les Nounours vont donc parfois chez les riverains et pas seulement dans les boutiques du quartier.
Le but ? Apporter de la bonne humeur aux gens, semble-t-il. En effet, dans Le Parisien (Source), des commerçants voisins expliquent qu’il ne s’agit pas d’une opération commerciale mais bel et bien d’une idée marrante, mignonne, pour rapprocher les gens. Pour Ouest-France, « ils n’ont rien d’autre à vendre que leur propre présence, aucun autre but que de faire sourire, retomber en enfance. » (Source)
« Certains n’ont pas saisi… A la sandwicherie bagel, la serveuse à l’accent anglo-saxon croit savoir que « c’est la mairie qui a mis ça en place pour les enfants ». Au café de la Manufacture où deux ours sont attablés en permanence, Karim, un client, croyait que « c’était pour le réchauffement climatique » tandis que Dan, son voisin, pensait « que c’était une déco de Noël ». Jérôme, le patron, est lui très clair : « C’est un délire et c’est que du bonheur », dans lequel se sont engouffrés des policiers… « Y a des flics qui sont venus en chercher deux pour les ramener au commissariat. Ils les ont baptisés Starsky et Hutch ». »
Il faut dire que, bon, les initiatives citoyennes ont le mérite d’être gratuites pour la Mairie qui peine parfois à rendre la Capitale plus agréable à vivre pour tous. Les raisons sont nombreuses (manque de moyens, lois, lenteurs administratives, divergences politiques…).
On peut toutefois se demander si c’est toujours à la Mairie d’une ville ou à ses institutions politiques en général, de prendre ce genre d’initiative. Celle-ci a un coût, certes (il a fallu acheter une cinquantaine de peluches géantes, ce n’est pas rien) mais quel parti les habitants du quartier, et surtout ses commerçants, tirent-ils de cette idée ? Il semble en tout cas que les ours attirent les curieux. Ce sont autant de potentiels clients à la clef. Ils rendent également les gens plus joyeux, ce qui est aussi une bonne chose pour le commerce : les gens sont plus enclins à se rendre dans les boutiques mais aussi à acheter chez elles.
Enfin, les réseaux sociaux font le reste ! Les gens partagent en grand nombre des photos des Nounours sur la toile. La page Facebook qui leur est dédiée compte, à l’heure où j’écris ces lignes, 6307 « J’aime » et 6439 abonnés. Leur compte Instagram, quant à lui, a déjà attiré 1369 fans (liens à la fin de cet article).
En fait, c’est une idée plutôt politiqueau sens premier du terme : en effet, les citoyens prennent ici part à la vie de la cité (« polis »).
Des nounours plutôt cools ?
Pour conclure, je trouve tout ça amusant, ludique et clairement bon enfant. Bref, j’aime beaucoup cette initiative. En fait, je crois que je l’aimerais bien même si elle était commerciale (et elle l’est, in fine, même si ce n’est pas l’objectif premier de l’instigateur). Certains la trouveront peut-être futile, infantile, voire ridicule. Personnellement, je trouve qu’elle dynamise le quartier, fait sourire les gens, apporte un peu de bonne humeur et de fantaisie au quotidien. Elle recrée des liens entre les personnes (les habitants, les commerçants, les passants, les curieux…) et ce n’est pas si courant !
La seule question que je me pose c’est : personne n’abîme les peluches ? Personne n’essaye de les voler ? Si c’est le cas, c’est très bien et je souhaite de tout cœur que cela dure !
Et puis, ces nounours me rappellent celui que j’ai dessiné il y a quelques mois (et qu’il faudrait que je me décide à mettre en couleur, un jour) :
Et vous, que pensez-vous des Nounours des Gobelins ? Bonne idée ou mauvaise idée ? N’hésitez pas à me dire si, étant à Paris, vous les avez vus en vrai ! Ou à partager d’autres initiatives citoyennes de ce style, qui égaye votre ville ou votre quartier. D’ailleurs, ne devrait-on pas faire ça plus souvent ?
Affiche de l’exposition Joie de Vivre au Palais des Beaux Arts de Lille (du 26 septembre 2015 au 17 janvier 2016)
La semaine dernière, j’ai pris mon courage (= mon porte-monnaie) à deux mains et je suis allée visiter l’exposition Joie de Vivre au Palais des Beaux Arts de Lille(exposition qui m’a coûté 0€ quand mon voyage en train, lui, m’a coûté un tout petit peu moins de 20€… Merci la SNCF, je ne suis qu’à 50 km de là, FAUT PAS POUSSER).
Bref.
L’exposition prenait fin ce 17 janvier et je n’avais pas pu m’y rendre avant. S’y trouvait pourtant mon artiste chouchou, mon préféré, mon favori, Takashi Murakami. Je ne pouvais donc pas rater l’occasion. Et j’ai bel et bien eu mon tête-à-tête avec l’œuvre en question, Mr Cloud :
Mais figurez-vous qu’il y a une autre raison qui fait que j’ai plutôt bien fait de passer outre mon ego et le fait d’engrosser la SNCF : j’ai découvert un artiste que je ne connaissais pas (ça m’arrive, je ne peux pas tout connaître) et ça a été le coup de cœur.
Son nom : Henri-Edmond Cross. Un artiste originaire de Douai (je précise parce que des fois, on s’en fiche un peu, des fois c’est utile pour comprendre le parcours d’un artiste et des fois… c’est juste que c’est dans ma région et c’est cool).
Son vrai nom était en fait Delacroix, comme le fameux Eugène. Un peu trop fameux, d’ailleurs, le Eugène. Pour se distinguer, Henri-Edmond transforma donc son patronyme en Cross (« croix » en anglais… Delacroix… Cross… Si vous n’avez pas compris, je ne peux rien pour vous). D’aucuns diront qu’il aurait aussi pour raccourcir un peu son prénom, tant qu’à y être. Henri-Ed Cross aurait été diablement plus hipster (moi, je dis ça…).
L’exposition Joie de Vivre donnait à voir plusieurs toiles de l’artiste. Je vous propose de voir les photographies que j’ai prises ainsi que celles, de meilleure qualité, que j’ai pu trouver sur l’internet car je n’avais emporté que mon smartphone pour être plus à l’aise pendant ma visite (je suis la fille que vous croisez au musée et qui prend en photo les cartels près des œuvres, en plus des œuvres elles-mêmes ; pour les retrouver plus facilement sur Google Images par la suite. JE N’SUIS PAS FOLLE VOUS SAVEZ).
La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923 Pour cet homme du Nord – Cross est né à Douai -, la Méditerranée est une Arcadie moderne, un pays éternel, saturé de couleurs où l’Antiquité semble encore vivante, ici sous la forme d’un joyeux ballet de nymphes. Installé à Saint-Clair, près du Lavandou, Cross est d’abord inspiré par le divisionnisme de son ami Paul Signac puis se rapproche d’Henri Matisse et des Fauves.
La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923 Pour cet homme du Nord – Cross est né à Douai -, la Méditerranée est une Arcadie moderne, un pays éternel, saturé de couleurs où l’Antiquité semble encore vivante, ici sous la forme d’un joyeux ballet de nymphes. Installé à Saint-Clair, près du Lavandou, Cross est d’abord inspiré par le divisionnisme de son ami Paul Signac puis se rapproche d’Henri Matisse et des Fauves.
La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923 Pour cet homme du Nord – Cross est né à Douai -, la Méditerranée est une Arcadie moderne, un pays éternel, saturé de couleurs où l’Antiquité semble encore vivante, ici sous la forme d’un joyeux ballet de nymphes. Installé à Saint-Clair, près du Lavandou, Cross est d’abord inspiré par le divisionnisme de son ami Paul Signac puis se rapproche d’Henri Matisse et des Fauves.
La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923 Pour cet homme du Nord – Cross est né à Douai -, la Méditerranée est une Arcadie moderne, un pays éternel, saturé de couleurs où l’Antiquité semble encore vivante, ici sous la forme d’un joyeux ballet de nymphes. Installé à Saint-Clair, près du Lavandou, Cross est d’abord inspiré par le divisionnisme de son ami Paul Signac puis se rapproche d’Henri Matisse et des Fauves.
Très gros plan sur La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
L’Air du soir Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1893 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Donation du Ginette Signac, 1976 Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté.
Les Îles d’Or Henri-Edmond Cross (1856-1910) Entre 1891 et 1892 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Les Îles d’Or restituent le ravissement solaire de la Provence. La composition aplanit la perspective pour n’être plus qu’illumination. L’oeuvre évoque la joie d’être face à la mer, nimbée par les rayons du soleil. Les variations de la lumière s’accomplissent dans la décomposition aérienne du spectre. La touche, extrêmement mobile, restitue la divagation du regard ébloui.
Les Îles d’Or Henri-Edmond Cross (1856-1910) Entre 1891 et 1892 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Les Îles d’Or restituent le ravissement solaire de la Provence. La composition aplanit la perspective pour n’être plus qu’illumination. L’oeuvre évoque la joie d’être face à la mer, nimbée par les rayons du soleil. Les variations de la lumière s’accomplissent dans la décomposition aérienne du spectre. La touche, extrêmement mobile, restitue la divagation du regard ébloui.
Gros plan sur Les Îles d’Or Henri-Edmond Cross (1856-1910) Entre 1891 et 1892 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay
Henri-Edmond Cross est originaire du Nord mais il vit dans le Sud de la France, à Saint-Clair, près du Lavandou. Il se sent inspiré par cette région ensoleillée où les couleurs semblent tellement plus flamboyantes que dans sa région d’origine (oui, bon, ok, mais on a d’autres qualités… On est gentils, déjà).
Le Lavandou est une commune du Var (83).
Le cartel qui accompagne sa toile La Fuite des nymphes explique :
« Pour cet homme du Nord – Cross est né à Douai -, la Méditerranée est une Arcadie moderne, un pays éternel, saturé de couleurs où l’Antiquité semble encore vivante, ici sous la forme d’un joyeux ballet de nymphes. Installé à Saint-Clair, près du Lavandou, Cross est d’abord inspiré par le divisionnisme de son ami Paul Signac puis se rapproche d’Henri Matisse et des Fauves. »
Le Divisionnisme(aussi appelé Chromo-luminarisme) est un style de peinture qui se base sur une théorie picturale. Cette théorie veut qu’obliger l’œil et le cerveau du spectateur à combiner les couleurs permettrait d’atteindre le maximum de luminosité scientifiquement possible (dans une peinture, s’entend). Le Divisionnisme rendrait les couleurs plus claires et plus lumineuses.
Comment ça marche ? La technique est mise au point par Georges Seurat. Elle consiste, pour le peintre, à ne pas mélanger ses couleurs pures, ni sur sa palette, ni sur sa toile, mais à les juxtaposer sous formes de petites touches. De près, une peinture Divisionniste ressemble à une mosaïque, à un ensemble de coups de pinceau multicolores. Ces amoncellements de points colorés lui donnent son autre nom, plus connu du grand-public : le Pointillisme. Mais on lui donne également un nom plus barbare : celui de Néo-impressionnisme(comprenez, le « nouvel » impressionnisme car « néo » signifie « nouveau »).
Pour « bien » voir une peinture Divisionniste, il faut s’éloigner suffisamment, obliger notre œil à faire une sorte de « mise au point », le forcer à « rassembler » toutes les couleurs.
C’est à peu près le même principe qu’avec nos écrans actuels, à la différence que le nombre de points (pixels) est beaucoup plus important et qu’ils sont quasiment invisibles à l’œil nu. Les couleurs Rouge-Vert-Bleu (RVB) utilisées par nos écrans deviennent « naturellement » une multitude d’autres couleurs car notre œil et notre cerveau les « mélangent » sans même que nous nous en rendions compte.
Très gros plan sur La Fuite des nymphes Henri-Edmond Cross (1856-1910) Vers 1906 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Don de la comtesse de Vitali en souvenir de son frère le vicomte Guy Cholet, 1923
Gros plan sur Les Îles d’Or Henri-Edmond Cross (1856-1910) Entre 1891 et 1892 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay
Si je vous précisais plus haut que l’on appelait aussi le Divisionnisme le Néo-impressionnisme, c’est parce que ce terme était utilisé dans d’autres cartels de l’exposition Joie de Vivre. Près de la toile de Henri-Edmond Cross intitulée L’Air du soir, on pouvait ainsi lire :
« Une fin d’après-midi dans le Sud de la France où vit et travaille Cross. La chaleur, qu’il redoute, la lumière, qui l’inspire, s’apaisent, offrant un instant de sérénité et d’éternité. Ce tableau est exposé à la IIIe exposition du groupe néo-impressionniste de 1894, puis donné au peintre Signac qui l’accroche dans sa salle à manger. C’est là que Matisse le découvre ; il s’en inspire dans le fameux Luxe, calme et volupté. »
A nouveau, l’ami de Henri-Edmond Cross, Paul Signac, est évoqué. C’est aussi un Divisionniste (ou un Néo-impressionniste… Ou un Pointilliste… Vous m’suivez toujours ?). Ses oeuvres et celles de Cross sont parfois si semblables qu’il est presque difficile de les distinguer (je vous laisse comparer sa toile intitulée Voiles et Pins, ci-dessous, à celle de Henri-Edmond Cross, postée plus avant, L’air du soir : leurs bateaux sont les mêmes !).
Voiles et Pins, Paul Signac (1863-1935) 1896 Huile sur toile 81 x 52 cm Collection particulière
Quant à Henri Matisse, que mentionne aussi le cartel, il va emprunter un style des plus semblables pour sa toile Luxe, calme et volupté suite à sa rencontre avec les deux hommes. C’est d’ailleurs grâce à ses expérimentations divisionnistes que l’artiste deviendra le précurseur du Fauvisme, un autre style pictural basé sur une théorie de la couleur. Pour beaucoup d’autres peintres comme lui, le Pointillisme ne constituera qu’une étape dans leur carrière avant qu’ils n’adoptent d’autres styles picturaux. Henri-Edmond Cross et Paul Signac, eux, resteront fidèles au Divisionnisme en dépit de l’évolution des « modes » ou de l’apparente difficulté à réaliser des peintures de ce genre (petite touche par petite touche… ça peut prendre du temps, comme vous pouvez aisément l’imaginer et l’on peut aussi penser que cela « bride » un peu le naturel).
Luxe, Calme et Volupté, Henri Matisse (1869-1954) 1904 Huile sur toile 98.5 cm × 118.5 cm Musée d’Orsay, Paris
Pour autant, la fameuse Femme au chapeau que peindra Matisse en en 1905, et qui est l’une des toiles emblématiques du Fauvisme, semble curieusement faire écho à la Femme à l’ombrelle peinte par Paul Signac en 1893.
Ah, l’histoire de l’art et ses citations, ses inspirations, ses détournements, ses évolutions…
Femme à l’ombrelle Paul Signac (1863-1935) 1893 Huile sur toile 81 x 65 cm Musée d’Orsay, Paris
Femme au chapeau Henri Matisse (1869 – 1954) 1905 Huile sur toile 31 x 24 cm Musée d’art moderne de San Francisco
La dernière toile de Henri-Edmond Cross que nous proposait l’exposition Joie de Vivre était Les Îles d’Or, une peinture quasiment abstraite, faite de lignes de points bleus et jaunes pâles, représentant la mer et ses couleurs changeantes sous la lumière du soleil.
« Les Îles d’Or restituent le ravissement solaire de la Provence. La composition aplanit la perspective pour n’être plus qu’illumination. L’œuvre évoque la joie d’être face à la mer, nimbée par les rayons du soleil. Les variations de la lumière s’accomplissent dans la décomposition aérienne du spectre. La touche, extrêmement mobile, restitue la divagation du regard ébloui. »
Il faut préciser, d’ailleurs, que toute la première salle de l’exposition portait sur le soleil et donnait à voir diverses représentations de l’astre. Tantôt, les peintres avaient cherché à saisir sa lumière et donc les couleurs qu’il donnait aux choses (la magnifique toile de Pierre-Auguste Renoir, une étude du torse d’une femme au soleil, était ainsi exposée en ce sens). Tantôt, ils l’avaient représenté « directement » mais de façon abstraite, simplifiée ou stylisée (côte à côte, se trouvaient une représentation du soleil à la façon d’un logo d’entreprise, conçue par Roy Lichtenstein, et une autre de Robert Delaunay, totalement abstraite et faite de ronds concentriques de couleurs diverses). Mes photos ne sont pas d’une qualité exceptionnelle mais je vous laisse quand même quelques traces de ce que cela pouvait donner :
Etude. Torse, effet de soleil Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 1875-1876 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Legs de Gustave Caillebotte, 1894
Etude. Torse, effet de soleil Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 1875-1876 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Legs de Gustave Caillebotte, 1894
Etude. Torse, effet de soleil Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 1875-1876 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Legs de Gustave Caillebotte, 1894
A gauche : Rythme, Joie de vivre Robert Delauney (1885-1941) 1930 Huile sur toile Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle Donation de Sonia Delauney et Charles Delaunay en 1964 A droite : Soleil Frantisek Kupka (1871-1957) 1930-1935 Huile sur toile Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle Don d’Eugénie Kupka en 1963
Rythme, Joie de vivre Robert Delauney (1885-1941) 1930 Huile sur toile Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle Donation de Sonia Delauney et Charles Delaunay en 1964
Sunrine [Lever du soleil] Roy Linchtenstein (1923-1997) 1965 Porcelaine émaillée sur feuille d’acier perforée New-York, collection particulière
Oh, mais, attendez, que vois-je ? Une autre ressemblance curieuse. Cette fois, entre la toile de Renoir que je viens d’évoquer et une autre peinture de Henri-Edmond Cross ; sa Dormeuse nue dans la clairière, peinte en 1907, semble emprunter ses effets lumineux à son illustre comparse. Le « nouvel »-impressionniste emprunte bel et bien à ses prédécesseurs (Renoir ayant été un impressionniste) avant d’inspirer ses successeurs (Matisse et les autres Fauvistes).
Etude. Torse, effet de soleil Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 1875-1876 Huile sur toile Paris, Musée d’Orsay Legs de Gustave Caillebotte, 1894
Dormeuse nue dans la clairière Henri-Edmond Cross (1856-1910) 1907 Huile sur papier marouflé sur toile Musée de Grenoble
PAF. La boucle est bouclée.
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