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Le clown-tueur : histoire d’un monstre bien réel

Aujourd’hui, parlons de moi.
(wouah, si c’est pas de l’intro égocentrique qui tue, ça !)

Je suis coulrophobe. (à mes souhaits.)
Si, si, je vous jure. J’ai une peur bleue des clowns. (ah, oui, voilà, la coulrophobie, c’est la peur des clowns)
Un clown m’approche, je suis mal à l’aise. S’il devient un peu trop insistant, je crie. Et ils me faisaient beaucoup pleurer quand j’étais enfant.

Allez savoir pourquoi !
Bah si. Je sais pourquoi. En tout cas, pour ma part, la raison est toute trouvée ! C’est ce fichu « Ça » qui m’a traumatisée.
Mais si, vous savez ! Le film inspiré du roman de Stephen King, dans lequel un affreux clown dévore des enfants… Allez savoir pourquoi, j’avais vu le film (de Tommy Lee Wallace) tiré de ce bouquin (bien meilleur, d’ailleurs, le bouquin) étant petite fille. Il était sorti en 1990, je suis née en 1991, j’ai dû le voir en 1997, tout au plus… Et je ne vous cacherai pas que ça fait un peu jeune, pour un film comme celui-là !

Bref, les clowns et moi, on est pas très amis et j’ai un peu peur des salles de bains. (ceux qui ont vu le film comprendront, j’en suis sûre…)

MAIS, je ne suis pas là uniquement pour vous parler de moi, en réalité ! (ahah, vous êtes rassuré, je le sens.)
Ce qui m’amène à vous parler des clowns et de la peur qu’ils inspirent, c’est ce qui se passe actuellement en Grande-Bretagne, à Northampton. Une histoire qui amuse beaucoup internet mais qui doit quand même donner quelques sueurs froides aux habitants de la ville !
En effet, depuis quelques temps, un clown grimé à la façon du personnage du film « Ça », surgit parfois à Northampton.

Northampton's Clown
Le clown de Northampton | Northampton’s Clown
Inspiré par le film « Ça »

Plusieurs monstres en un

Dans le film, tout comme dans le roman de Stephen King, « Ça »  est un clown tueur d’enfants. Un sympathique personnage, donc, d’autant plus qu’il est capable de prendre des formes très diverses pour s’en prendre à ses proies.

Dans le roman, il est d’ailleurs expliqué qu’il ne serait pas possible, pour un être humain, d’identifier la forme réelle de « Ça ». Par contre, il est capable de prendre diverses formes : clown, loup-garou, sangsues, araignée géante… et bien d’autres encore, sans doute !

Bref « Ça » n’est pas humain (on apprend d’ailleurs qu’il est censé venir de l’espace, bien qu’il se trouve sur terre depuis très longtemps) et « Ça » considère d’ailleurs les humains comme de la nourriture. Mais si cette créature s’en prend avant tout aux enfants, c’est parce qu’il est plus facile pour elle de prendre la forme de leurs peurs : les monstres qui les effraient sont généralement ceux qu’ils ont déjà vu dans un livre, une bande dessinée ou un film.

Le clown du film "Ça"
Le clown-monstre du film « Ça, « Il » est revenu » de Tommy Lee Wallace, 1990

Séduire pour tuer

La forme du clown, elle, sert dans un premier temps à appâter l’enfant. C’est sous cette apparence que « Ça » apparaît pour la première fois dans le roman et séduit l’enfant qu’il va tuer. Il se trouve dans un égout dans lequel tombe malencontreusement le bateau avec lequel jouait le petit garçon. En se penchant pour tenter de le récupérer, l’enfant découvre « Ça » et il a d’abord peur car il lui semble que « l’animal » (car il pense d’abord qu’il peut s’agir d’un animal) a les yeux jaunes comme ceux du monstre qu’il imagine chaque fois qu’il doit descendre dans la cave de sa maison. Cela ne dure pas, cependant. Peu à peu, la description du clown change : alors que le clown le séduit sans qu’il ne s’en rende compte, le garçonnet croit se rendre compte qu’il a mal vu les yeux jaunes et effrayants du clown. Ils lui apparaissent désormais comme ceux pétillants et bleus de sa maman.

guillemet« George se pencha et regarda de nouveau. Il n’en croyait pas ses yeux : c’était comme dans un conte de fée, ou comme dans ces films où les animaux parlent et dansent. Il aurait eu dix ans de plus, il serait resté incrédule : mais il n’avait que six ans, et non seize.
Un clown se tenait dans l’égout. L’éclairage n’y était pas fameux, mais néanmoins suffisant pour que George Denhrough n’ait aucun doute sur ce qu’il voyait. Un clown comme au cirque, ou à la télé. Un mélange de Bozo et Clarabelle, celui (ou celle, George n’était pas très sûr) qui parlait à coups de trompe dans les émissions du dimanche matin.
Le visage du clown était tout blanc : il avait deux touffes marrantes de cheveux rouges de chaque côté de son crâne chauve et un énorme sourire clownesque peint par-dessus sa propre bouche.
Il tenait d’une main un assortiment complet de ballons de toutes les couleurs, comme une corne d’abondance pleine de fruits mûrs. »

Stephen King, Ça, Albin Michel, 9 nov. 1988 – 627 pages

Serial killer John Wayne Gacy
Le serial killer américain John Wayne Gacy,
Surnommé le « clown tueur », il aurait inspiré Stephen King pour le personnage de « Ça »

Le véritable « Ça » ?

Plus sympathique encore, le personnage de « Ça » semble avoir été inspiré par une histoire vraie. En tout cas, il faut avouer que les points communs sont assez étranges ! Il s’agit de celle de John Wayne Gacy, surnommé « le clown tueur ».

Dans les années 70, cet homme d’affaire respectable a assassiné une trentaine de jeunes hommes. Pas moins de 26 cadavres ont été retrouvés enterrés dans le vide sanitaire sous sa demeure de Chicago. Malgré ses efforts pour dissimuler ses méfaits, ces corps dégageaient une odeur pestilentielle dont les voisins se plaignaient. C’est pourquoi, pour se couvrir, il expliquait volontiers avoir des problèmes d’égouts bouchés…

Des égouts ? Une odeur putride ? C’est justement dans les égouts que vit « Ça ». Quant à la forte odeur qu’il dégage, elle est décrite dans le roman, bien qu’il semble capable de la camoufler.

guillemet« Georgie se pencha. Ça sentait les cacahuètes, les cacahuètes grillées ! Et le vinaigre, ce vinaigre blanc que l’on verse sur les frites d’une bouteille avec un petit trou ! Ça sentait aussi la barbe à papa et les beignets frits, tandis que montait, encore léger mais prenant à la gorge, l’odeur des déjections de bêtes fauves. Sans oublier celle de la sciure. Et cependant…
Et cependant, en dessous, flottaient les senteurs de l’inondation, des feuilles en décomposition et de tout ce qui grouillait dans l’ombre de l’égout. Odeur d’humidité et de pourriture. L’odeur de la cave.
Mais les odeurs du cirque étaient plus fortes. »

Stephen King, Ça, Albin Michel, 9 nov. 1988 – 627 pages

Le clown tueur

Mais pourquoi l’appelait-on le « clown tueur », me direz-vous ?
Parce que cet homme n’hésitait pas à se déguiser en clown pour amuser les enfants des hôpitaux. Ça n’était là qu’une des nombreuses activités de cet homme qui faisait tout pour se faire bien voir, après avoir longtemps subi les brimades parfois violentes de son père. Il s’impliqua dans plusieurs organisations. Il s’engagea, par exemple, pour le Federal Civil Defense for Illinois et devint capitaine du Chicago Civil Defense. Il était considéré par beaucoup personne comme quelqu’un de gentil et altruiste.

guillemet« Gacy prenait très au sérieux son implication dans ces différentes organisations et leur dévouait tout son temps libre. Ceux qui connaissaient Gacy le considéraient comme un homme sympathique, mais très ambitieux, qui cherchait à se faire un nom. Gacy voulait absolument « être quelqu’un ». Il travaillait tellement qu’il fut hospitalisé pour épuisement nerveux. »

Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42

Mais ce qui est plus intéressant encore (si je puis dire), c’est que lors de la perquisition de sa maison, les policiers découvrirent que Gacy peignait des images de clowns. Elle étaient accrochées aux murs.
De plus, « durant les 14 années qu’il passa dans le couloir de la mort, Gacy peignit de nombreux tableaux à la peinture à l’huile. Son sujet préféré était… les portraits de clowns. Après son décès, certaines de ses peintures se vendirent pour 20.000$ lors d’une enchère, provoquant l’indignation des familles des victimes et des autorités. Mais l’acheteur brûla toutes les œuvres de Gacy peu après les avoir acquises. » (Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42)

Voici quelques exemples de ce que ces « créations » pouvaient donner (et qui, je dois l’avouer, me donnent froid dans le dos) :

Handprint and Clowns, John Wayne Gacy
Handprint and Clowns, John Wayne Gacy
Hi Ho With Clown, John Wayne Gacy
Hi Ho With Clown, John Wayne Gacy
Pogo in the Making, John Wayne Gacy
Pogo in the Making, John Wayne Gacy

Cette dernière peinture, Pogo in the Making, est un autoportrait dans lequel Gacy se déguise peu à peu en Pogo, le nom de son personnage de clown pour enfants.

Le clown-tueur pensait-il être Blanche Neige ?

Son intérêt, voire sa passion pour les clowns donne lieu à des créations particulièrement malsaines. La figure du clown, censée être aimée par les enfants et symboliser l’amusement, devient ici monstrueuse.
Le clown semble même parfois mort, comme dans Hi Ho With Clown où elle prend la place de Blanche Neige, au moment où elle est entourée des sept nains, dans son cercueil de verre. Blanche Neige est pourtant un personnage de coeur, décrite comme possédant un cœur pur. C’est une belle princesse aimée de tous, en dehors de sa marâtre.
Doit-on voir dans cette représentation l’idée que Gacy se faisait de lui-même, à l’époque où son père le rabaissait sans cesse ? Peut-être. Il semble, en tout cas, avoir cherché à se faire aimer de tous, en devenant par exemple le clown Pogo, l’ami des enfants à l’hôpital. Mais ne cela ne fait que témoigner un peu plus encore de la folie de Gacy.

Se prenait-il vraiment, intérieurement, pour une princesse au cœur pur, ayant simplement « mal tourné » ? Ou avait-il une face sombre, contre laquelle il essayait désespérément de lutter en participant à de nombreuses activités communautaires et sociales ?
Cette seconde hypothèse ne semble pas tenir la route, comme en témoignent certains de ses propos : « La seule chose dont je sois coupable, c’est d’avoir possédé un cimetière sans autorisation. » (Source : tueursenserie.org, http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42)

Northampton's Clown
Le clown de Northampton | Northampton’s Clown
Inspiré par le film « Ça »

Après tout ça, si vous deviez croiser le clown de Northampton, est-ce qu’il vous ferait rire ? Ne provoquerait-il pas plutôt un long frisson d’inquiétude crasse ? En tout cas, même si ses interventions restent distrayantes, il est clair que, pour ma part, je resterai toujours un peu sur mes gardes en croisant un clown.


Sources :
https://www.facebook.com/spotnorthamptonsclown
http://www.lepoint.fr/insolite/grande-bretagne-un-mysterieux-clown-fait-trembler-northampton-20-09-2013-1733609_48.php
http://www.tueursenserie.org/spip.php?article42&artpage=1-4
http://blogs.miaminewtimes.com/riptide/2010/04/the_ten_creepiest_paintings_by.php


N’oubliez pas de laisser un petit commentaire avant de partir ;) (que l’article vous ait plu ou pas !)
C’est par ici !

Joel-Peter Witkin – Le Baiser

Mon année de Master commence avec la découverte d’artistes pour le moins fascinants mais, il faut aussi l’admettre… glauques. Âmes sensibles s’abstenir car l’histoire qui se cache derrière la photographie dont je vais vous parler aujourd’hui pourrait bien vous faire cauchemarder.

Joel-Peter Witkin, Le Baiser, Photographie, 1883.
Joel-Peter Witkin, Le Baiser, Photographie, 1883.

Il s’agit d’une photographie de Joel-Peter Witkin datant de 1983. Cet artiste américain avait pour habitude de trainer dans les morgues et de choisir pour modèles tantôt des cadavres, tantôt des personnes atteintes de certaines difformités rares.

Ici, l’artiste a récupéré une tête. Celle-ci avait été découpée en deux par des étudiants en médecine afin d’être étudiée. L’artiste a choisi de réunir les deux profils obtenus afin de créer cette œuvre, appelée Le Baiser. La tête ainsi photographiée, on croirait voir deux hommes s’embrasser ; il n’y en a qu’un en réalité et il n’est plus de ce monde.

« Il magnifie les cadavres et cajole les monstres. » écrit Luc Le Vaillant dans Libération en janvier 2000 (Source). « [Il] compose son œuvre en Frankenstein, à base de cadavres et de difformités. »

Joel-Peter Witkin portait un grand intérêt à la mort, au sentiment qu’elle procure, aux réactions provoquées par la vue des cadavres. Lui-même était fasciné par cet état irrévocable. Il expliquait devoir cela à un évènement ayant marqué son enfance ; il aurait vu une fillette être violemment percutée par une voiture. Sa tête aurait alors roulé jusqu’à ses pieds…
L’artiste sait construire sa légende. Comme lorsqu’il raconte que sa mère attendait initialement des triplés, dont il ne restera que son jumeau et lui. Il fait du troisième enfant, une fille, une muse qui n’aura jamais vu le jour. Il distille sa fascination pour la mort partout dans son œuvre et jusque dans son personnage d’artiste ; il met le tout en scène comme il le fait avec ses cadavres.

L’artiste mettait en scène les dépouilles comme un marionnettiste d’un genre macabre. Il dit : « Je ranime les inanimés. » Il photographiait des scènes d’un surréalisme fou et, en même temps, d’une grande modernité.

Alors, poésie et intérêt réel intérêt pour la mort ? Besoin de choquer les spectateurs ? Loisir malsain ? La question reste ouverte.

Notons toutefois que les gens du XIXème siècle n’hésitaient pas à prendre leurs proches défunts en photo : c’était alors une façon de conserver le souvenir d’un être aimé, parti trop tôt. Il n’est pas rare, aujourd’hui, de retrouver ces photographies dites « post-mortem ». Y compris des portraits d’enfants morts, plus ou moins jeunes, posant parfois avec leurs frères et sœurs ou leurs parents.
Certains sites internet vous invitent même à participer à des jeux où le but est de découvrir si la personne sur la photo était morte ou non, lors de la prise de vue. Et, comme de bien entendu, ces clichés semblent fasciner un certain nombre de personnes.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Poétique ? Glauque ? Un peu des deux ? Dites-moi tout !
Sources :

Wikipédia – Joel-Peter Witkin
Baudoin Lebon – « Joel-Peter Witkin »
Bibliothèque Nationale de France (BnF) – Joel-Peter Witkin. Enfer ou Ciel.
Libération :  » Joël-Peter Witkin, 60 ans, photographe américain. Compose son oeuvre en Frankenstein, à base de cadavres et de difformités. Du corps à l’outrage »