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Alerte enlèvement : la pointe de l’obélisque de Buenos Aires a disparu !

Les extraterrestres ont-ils débarqué en Argentine ?

C’est ce qu’ont pu penser les habitants de Buenos Aires, ce matin, à leur réveil, quand ils ont découvert avec stupeur la disparition… de la pointe de l’obélisque de la ville. Situé sur l’Avenue du 9 Juillet (équivalent des Champs Élysées de Buenos Aires), l’obélisque célèbre l’indépendance de l’Argentine et marque symboliquement le centre de la ville.

L'obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
L’obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
Où est passée la pointe de l'obélisque de Buenos Aire ?
Où est passée la pointe de l’obélisque de Buenos Aire ?
L'obélisque de Buenos Aires a perdu sa pointe !
Même de loin, on voit bien qu’il lui manque quelque chose…
Aurait-on volé la pointe de l'obélisque de Buenos Aires ?
Aurait-on volé la pointe de l’obélisque de Buenos Aires ?

Qui a bien pu voler cette pointe ? D’autant plus qu’elle se trouvait en haut d’un monument de 67 mètres. Des êtres venus d’ailleurs ? A moins qu’un géant ne soit passé par là ? Peut-être Superman voulait-il redécorer son appart’ ? Elle n’a quand même pas pu se volatiliser !

Et pourtant…

La pointe a été retrouvée, quelques heures plus tard… sur le parvis du Malba, le musée d’art latino-américain.

La pointe de l'obélisque sur le parvis du Malba.
La pointe de l’obélisque sur le parvis du Malba.
Leandro Erlich
Leandro Erlich

Et tout ceci n’était point l’œuvre d’une quelconque entité dotée de pouvoirs supérieurs, de petits hommes verts, ni d’aucun super-héros qui se serait soudain pris pour Valérie Damidot mais bien celle d’un artiste, Leandro Erlich. Un artiste argentin, justement, célèbre dans le monde entier.

Mais comment s’y est-il pris ?

La pointe n’a jamais bougé de son emplacement initial. C’est une copie qui a été placée devant le Malba. La disparition, elle, est le résultat de l’utilisation complexe de miroirs. Tout ceci n’était qu’une illusion, un trompe l’œil.

Installation du matériel nécessaire au trompe l’œil imaginé par Leandro Erlich.
Installation du matériel nécessaire au trompe l’œil imaginé par Leandro Erlich.

Le but de tout ceci était de célébrer l’anniversaire du Malba qui fête cette année ses 14 ans d’existence.

Nous sommes là face à ce que j’appellerais une installation-happening. D’un part, parce que l’artiste a transformé son environnement (en l’occurrence grâce à une illusion). Puis, ce qui avait été « perdu » (la pointe de l’obélisque) a été « retrouvé » sur le parvis du Malba : cette vraie-fausse pointe de l’obélisque constitue l’installation, tout autant que le reste de l’œuvre. Car s’il n’y a pas l’happening (c’est-à-dire la disparition et, avant elle, la mise en place des miroirs et du dispositif permettant de rendre la pointe de l’obélisque invisible) il n’y a pas l’installation sur le parvis du musée, vous me suivez ? C’est pourquoi je parle d’installation-happening.

 Pause précision
Installation : 1. Disposition de matériaux et d’éléments divers dans un espace. 2. Œuvre ainsi obtenue. 3. Mode d’expression artistique apparue au troisième tiers du XX° siècle.

Happening : Manifestation artistique des années 1960, héritière des interventions futuristes, constructivistes ou dadaïstes. Ces évènements publics organisés, plutôt théâtraux, utilisent toutes sortes de techniques (musique, danse, peinture, etc.), souvent le corps, et peuvent transformer l’environnement.

(Source)

Leandro Erlich n’en est pas à son coup d’essai.

Les illusions, il connaît. Il avait, par exemple, permis à des spectateurs d’entrer dans une piscine pleine sans se mouiller. A d’autres, il avait donné l’occasion de grimper sur la façade d’une maison sans le moindre risque et à tout âge. Il avait suspendu une maison dans les airs et le morceau d’une autre au bout d’une échelle. Incroyable ? Je vous laisse en juger par vous-mêmes, grâce aux photos ci-dessous.

Les œuvres se Leandro Erlich mettent souvent en scène des miroirs, des surfaces translucides, dans lesquelles on se reflète ou à travers lesquelles on peut voir de façon plus ou moins nette. Et quand ses œuvres n’utilisent pas directement des surfaces de ce genre, elles y font référence. C’est le cas dans Port of Reflection (voir ci-dessus) : il n’y a pas de miroir, il n’y a pas d’eau, tout n’est qu’une sculpture dans un grand trou noir, donnant l’illusion que des bateaux se reflètent dans une surface liquide. Dans une oeuvre comme le Monte-Meubles (voir ci-dessus), Leandro Erlich nous met face à un autre miroir : un miroir invisible, quelque part entre nos yeux et notre cerveau, qui ne serait autre que la porte d’un monde imaginaire. Comme Alice au Pays des Merveilles, nous traversons le miroir pour entrer dans un monde étrange, aussi poétique qu’inquiétant. Peut-être sommes-nous passés par la Shattering Door (voir ci-dessus) sans nous en rendre compte ?

Je ne peux que vous encourager à foncer si vous avez l’occasion de voir passer une œuvre de cet artiste près de chez vous car, comme vous l’aurez remarqué sur les photos, il entraine souvent le spectateur à faire des expériences par le biais du jeu : les spectateurs sont invitées à expérimenter l’œuvre en déambulant à l’intérieur, en jouant avec les surfaces réfléchissantes, en se couchant au sol, etc. Et ce sont bien souvent leurs photographies, au final, qui sont intéressantes et font ressortir l’essence de l’œuvre, son but, son intérêt. Si, en plus, c’est ludique et amusant, pourquoi se priver ? ;)

Sachez, notamment, que vous pourrez voir l’une de ses œuvres à Paris le 3 octobre. Il y participera à la Nuit blanche avec une œuvre intitulée Maison fond, et qui prendra la forme d’un immeuble installé devant la gare du Nord que l’on verra fondre à vue d’œil, sous l’effet du réchauffement climatique.


Sources :
Site Officiel de l’artiste
Infobae : Qué pasó con la punta del Obelisco
Libération : L’obélisque de Buenos Aires a perdu la tête

Des murs entre les hommes

La séparation Est/Ouest de Berlin toujours visible depuis l'Espace.
La séparation Est/Ouest de Berlin toujours visible depuis l’Espace.

 

La ville de Berlin est unifiée depuis maintenant plus de deux décennies (1989). Pourtant, voici un cliché troublant qui nous vient tout droit de l’Espace et qui démontre que la séparation Est/Ouest n’est pas encore parfaitement résorbée.

Depuis la Station Spatiale Internationale, la scission entre les deux Allemagnes est toujours visible !

C’est ce que nous démontre la photographie prise par la commandant de l’expédition 35 de la Station, Chris Hadfield. Connecté à Twitter depuis l’Espace, chacune de ses photos, souvent impressionnantes, est massivement relayée sur Internet.

Ici, l’explication est simple mais tout à fait symptomatique des dégâts que peut engendrer une séparation de ce genre : à l’ouest, la ville est plus éclairée du fait d’une activité économique plus importante. Par ailleurs, les lampes à vapeur de sodium, moins couteuses et datant d’avant 1989, sont utilisées dans l’est. Elles produisent une lumière jaune, à la différence de l’ouest où l’on utilise un éclairage différent, plus blanc.

S’il n’y a pas mort d’homme et qu’il s’agit là d’une « simple » utilisation d’ampoules différentes, il est tout de même intéressant de constater que la Guerre Froide n’a pas emporté tous ses dégradations dans sa tombe. Et même si la ville de Berlin est aujourd’hui l’une des plus rayonnantes d’Europe, en particulier du point de vue culturel et artistique, elle ne se remet pas facilement des séquelles de son passé. Elle est aujourd’hui coupée en deux par un mur invisible. Mais des murs encore bien tangibles, eux, existent toujours de par le monde.

Malheureusement, bien d’autres murs existent encore dans le monde.

Voici un rapide coup d’oeil sur la situation :

Le mur de Berlin était probablement le plus connu de tous mais, depuis, d’autres l’ont remplacé. Les médias nous parlent par exemple régulièrement du conflit israélo-palestinien mais aussi des deux Corées. Or, ces pays sont séparés par des murs depuis des décennies et cela ne semble pas prêt de s’arranger… A la frontière entre Israël et la Palestine, le mur est parfois surnommé « Wall of shame » (« Le mur de la honte »)…

Sur le mur situé à la frontière israélo-palestinienne, on peut admirer des oeuvres du street artiste Banksy.
Sur le mur situé à la frontière israélo-palestinienne, on peut admirer des œuvres du street artiste Banksy.
Vue du mur situé à la frontière israélo-palestinienne.
Vue du mur situé à la frontière israélo-palestinienne.
Des murs entre les hommes
Des murs entre les hommes, Alexandra Novosseloff & Frank Neisse, 2007

Mais la plus grande puissance mondiale n’est, elle non plus, pas en reste, elle qui est toujours là pour prodiguer de bons conseils (et ne pas les suivre elle-même) : aux Etats-Unis, le mur construit par les Américains sur leur frontière avec le Mexique est censé endiguer l’immigration. A certains endroits, notamment sur les plages, ce mur ressemble à ce que vous pouvez voir en couverture du livre « Des murs entre les hommes », ci-contre : comme les barreaux d’une prison qui longe la plage face à la mer.

 

Plage de Tijuana sur l'Océan Pacifique. À gauche : le Mexique, à droite : les États-Unis.
Plage de Tijuana sur l’Océan Pacifique. À gauche : le Mexique, à droite : les États-Unis.
Mais qui est véritablement prisonnier de ces protections outrancières ?

Aux Etats-Unis, le mur a été fortement renforcé depuis les attentats du 11 septembre. Résultat ? Tout au long de cette frontière fortifiée, une milice auto-proclamée veille au grain. Ces hommes armés, sortes de cowboys contemporains, ont de quoi donner la chair de poule. Mais les Etats-Unis ont également prévu un vaste réseau de caméras de surveillance ainsi que, depuis peu, le survol de toute la zone par des drones

Tout ça pour lutter contre l’immigration… Un peu too much, vous dites ?

Le Mur de Sable est largement surveillé par l'armée marocaine mais il est aussi entouré de champs de mines qui ont déjà fait de très nombreuses victimes.
Le Mur de Sable est largement surveillé par l’armée marocaine mais il est aussi entouré de champs de mines qui ont déjà fait de très nombreuses victimes.

Mais il y a plus surprenant : un mur au beau milieu du Sahara. Un mur méconnu qui existe pourtant depuis 1980 et qui coûterait une fortune en entretien (apparemment, entre deux et quatre millions de dollars par jour). Cette fois, c’est le Maroc qui a érigé la séparation, s’octroyant ainsi l’ancien Sahara espagnol dont une partie du peuple revendiquait pourtant l’indépendance. La communauté internationale ne reconnaît pas la légalité de cette annexion mais le mur est pourtant toujours bien là et ne semble pas près de céder. Il est d’ailleurs gardé par environ 100 000 soldats marocains.

On le surnomme « Mur de sable ». Ses détracteurs lui préfèrent « Mur de la honte ».

Mais dans certains pays, les murs séparent même les morts !

Dans le cimetière de Belfast (Irlande), un mur souterrain construit en 1969 délimite les tombes catholiques et protestantes.

Malheureusement, il n’existe pas que des murs enterrés dans cette ville : les habitants appellent paradoxalement ces murs les peacelines (lignes de la paix). Ils servent à délimiter les quartiers nationalistes catholiques des zones d’habitations unionistes protestantes. Une guerre civile religieuse qui, là encore, semble avoir de beaux jours devant elle puisque les murs furent édifiés dans les années 70 et qu’ils n’ont eu de cesse d’être fortifiés avec le temps. De simples tôles ondulées ou entassement de briques, certains de ces murs autrefois précaires atteignent aujourd’hui jusqu’à 9 mètres de haut et peuvent être surmontés de grillages. A certains endroits, des points de passage sous vidéosurveillance ont également vu le jour et peuvent être fermés à tout moment.

A member of a cross-community group takes part in a ceremony marking the 20th anniversary of the collapse of the Berlin Wall, in west Belfast

Voilà comment certains hommes cherchent à se séparer d’autres hommes. L’humain ne peut parfois pas supporter la différence de son voisin. Il construit des murs pour s’en protéger, dit-il, mais en réalité n’est-ce pas seulement par bêtise ? Curieusement, dans « bêtise », il y a « bête ». Peut-être est-ce là ce que nous sommes et restons toujours : des bêtes. Et pas les plus intelligentes, contrairement à ce que notre ego nous pousse à croire. Avez-vous déjà vu des animaux bâtir des murs entre eux ? Pas moi.

[Source : http://www.lesmurs.org/ | http://www.planet.fr/ | Documentaire et livre: Des murs entre les hommes ]