On oublie souvent que Noël n’a pas toujours existé. Finalement, notre Noël moderne n’a d’ailleurs qu’un siècle puisque le Père Noël lui-même est une invention marketing de la marque Coca Cola. Avant lui, c’était plutôt Saint-Nicolas qui venait récompenser les enfants ayant été sages durant l’année (avec des cadeaux bien moins étincelants que ceux d’aujourd’hui, d’ailleurs, tels que des oranges).
La date du 25 décembre est pourtant célébrée depuis des siècles. Avant de fêter Noël, au I siècle avant J.C., Rome célébrait déjà le culte de Mithra, divinité perse de la lumière. On surnommait cette fête celle du Soleil Invaincu (Sol Invictus). Cette période, accompagnée de grandes réjouissances populaires, était aussi celle durant laquelle les romains célébraient les Saturnales, en l’honneur du dieu Saturne. Le 25 décembre était alors le jour du solstice d’hiver (aujourd’hui, le solstice d’hiver tombe le 21 décembre, jour du passage à l’hiver). Le même genre de réjouissances existait dans d’autres cultures, notamment chez les Celtes qui la considéraient comme le début de la « saison sombre » (par opposition à l’autre partie de l’année qu’ils appelaient la « saison claire »). Chez eux, il s’agissait de fêter la transition d’une année à une autre mais aussi l’ouverture vers le monde des dieux. Ainsi, selon eux, cette période de l’année était propice aux événements magiques et mythiques. On peut donc constater que, jusqu’alors, les fêtes célébrées en cette période tournaient avant tout autour de l’hiver.
Il faut dire que même pour la religion chrétienne, alors naissante, la fête de Noël n’existait pas non plus. Mais comme la date de naissance de Jésus n’était précisée dans aucun évangile, il fut décidé qu’il serait judicieux de décréter qu’elle avait eu lieu un 25 décembre, jour du solstice d’hiver, ce qui permettrait ainsi à l’Église de contrer la fête païenne en l’honneur de Mithra. C’est ainsi que vers 330 l’empereur Constantin fixa la date au 25 décembre, mais ce n’est qu’en 353 que la fête de la naissance du Christ fut instituée à Rome.
Mais, me direz-vous, pourquoi une telle « rivalité » entre ces deux religions ? Il faut savoir qu’il existait des traits communs entre elles et l’on pense que les premiers textes chrétiens auraient pu être inspirés de la légende de Mithra. Ainsi, par exemple, une tradition plus ancienne présentait la mère de Mithra comme vierge.
Plus tard, la légende ayant évolué, on raconta que Mithra était né d’une pierre et que des bergers avaient assisté à cette naissance miraculeuse.
Quoi qu’il en soit, ces deux récits, adaptés, peuvent avoir considérablement inspiré les premiers récits chrétiens concernant la naissance, tout aussi miraculeuse, de Jésus. On peut donc aisément comprendre pourquoi l’Eglise préférait voir sa rivale disparaître à son profit. Et, malheureusement, c’est à partir de ces premiers faits que l’Eglise prit pour habitude de faire disparaître les croyances qui n’arrangeait ses propres affaires… Ce qui donna lieu à l’arrivée du Moyen-Age. Mais, comme pourrait vous l’expliquer l’une de mes excellentes professeurs, il n’est pas nécessaire de voir cette transition historique comme une régression puisque c’est également à cette époque que se développera une façon de représenter et, donc, de percevoir le monde totalement différente de celle de l’Antiquité et pas moins intéressante malgré les circonstances. Le symbolisme, par exemple, qui m’intéresse tant dans mes propres peintures aujourd’hui, connaîtra un essor considérable à cette période.
Oh et Joyeux Noël ! 🙂
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