Je travaille actuellement sur le thème des robots car le sujet de mon mémoire porte sur ce que ces créatures disent de nous, de ce que nous sommes aujourd’hui, de ce dont nous avons envie, de ce qui nous fait rêver (et pas seulement de ce que nous deviendrons peut-être) à travers l’étude d’œuvres de science-fiction contemporaines.
A ce titre, je me retrouve souvent confrontée aux discours transhumanistes qui, je dois bien l’avouer, m’inquiètent.
Le transhumanisme, c’est quoi ?
Le transhumanisme est un mouvement qui s’est développé dans les années 60 en Californie. Les personnes les plus bavardes et actives de ce mouvement qui se veut à la fois philosophique, politique et sociologique, se trouvent en plein cœur de la Silicon Valley (USA). C’est-à-dire à l’endroit même de la planète où se situent les sièges sociaux des entreprises et groupes les plus puissants au monde à l’heure actuelle (Google, Facebook…).
Il existe là un campus nommé « La Singularité » (des cours y sont donnés, un diplôme peut y être obtenu) qui entretient des liens étroits avec Google notamment, dont le siège se situe à proximité immédiate. Ce campus est le lieu de vie des transhumanistes ou transhumanistes en devenir. Autant dire que la recherche dans ce milieu est largement assurée… et est loin d’être clean à tout point de vue.
Le nom de cette université fait référence à un concept selon lequel l’humanité atteindra un jour un stade de non-retour vis-à-vis des technologies. Un stade surnommé « la singularité technologique ». A ce moment, dans un futur plus ou moins lointain, les technologies deviendront autosuffisantes, se générant, se réparant, se construisant d’elles-mêmes car elles seront créées par des intelligences artificielles (c’est-à-dire d’autres machines). Ces technologies deviendront alors parfaitement incompréhensibles pour les humains que nous sommes aujourd’hui, même les plus intelligents et experts d’entre nous. Tout simplement parce que notre cerveau ne sera plus aussi rapide et efficace que celui des super-ordinateurs de demain, capables de réaliser une infinité de calculs en des temps records. C’est pourquoi les transhumanistes pensent que nous seront forcés de devenir des « post-humains » pour nous adapter à ce nouveau monde, plus rapide que nous, et pour ne pas disparaître. Autrement dit, nous serons contraints de devenir des cyborgs : moitié-homme, moitié-machine. Des humains augmentés, améliorés, si vous préférez.
Un scénario catastrophe, digne de Terminator ?
Étant donné qui sont les têtes pensantes supportant ce mouvement, la réponse n’est pas si évidente. C’est d’ailleurs, dans une moindre mesure, ce que j’essaye moi-même de démontrer dans mon travail de recherche… (Je vous rassure, je ne sois pas du côté obscure de la Force… J’ai peur des piqûre alors devenir une post-humaine bourrée de puces électroniques enfoncées sous ma peau, ça m’enchante moyen, vous voyez ?)
Qui sont vraiment les transhumanistes ?
Comme je vous l’expliquais, ces gens imaginent (à partir de d’hypothèses mathématico-satistico-j’y comprends rien mais ça a l’air sérieux quand même) que, demain, l’espèce humaine disparaîtra au profit d’une autre forme de vie : le post-humain. C’est-à-dire des humains mêlés à la machine. Ou, plus inquiétant encore, des machines mêlées aux humains. C’est-à-dire des cyborgs.
Selon eux, il deviendra une question de survie de faire le choix du transhumanisme. Le choix ne nous sera alors plus laissé de rester nous-mêmes (simplement humains) car, dans la course à la performance, nous serons probablement obligés de subir la mutation. Les raisons à cela seront des plus prosaïques : pour rester performants au travail, par exemple et ne pas être remplacés par une personne bénéficiant d’améliorations plus performantes. Sinon, nous serons laissés sur le bord du chemin de l’évolution, voués à disparaître comme d’autres espèces avant nous.
Cette « secte » inquiétante (enfin, personnellement, je trouve que ça ressemble quand même beaucoup à une secte, vu de l’extérieur), qui se défend d’en être une grâce aux cerveaux qu’elle exhibe (de nombreux scientifiques, bardés de diplômes tous plus impressionnants les uns que les autres), n’imagine pas d’autre route possible pour notre futur. Et étant donné les amis puissants dont elle dispose, il y a fort à parier qu’il nous faudra surveiller ces hurluberlus de près dans les années à venir.
Quel est leur but, actuellement ?
Parvenir à décrypter les secrets du cerveau afin de pouvoir, d’ici 2025 (selon leur prévision), à transférer le premier cerveau humain dans un ordinateur… (pour ceux qui l’ont vu, c’est ce qui se passe dans le film Transcendance avec Johnny Depp.)
Certaines personnes se demandent si l’idée de pouvoir se « connecter » un jour au cerveau de quelqu’un ne servira pas davantage les intérêts de grands groupes comme Google (qui fournit déjà largement de quoi financer la recherche dans ce domaine, comme nous l’avons vu) plutôt que de louables objectifs en matière de sciences et en particulier de médecine. En effet, imaginez quelles seraient les possibilités d’un groupe marchand qui pourrait, tout-à-coup, accéder à vos moindres désirs ? Bien sûr, nous n’en sommes pas encore là. Mais si certains y ont pensé… Le très bon web-documentaire Do not track de Arte expliquait très bien les dangers potentiels que pourraient générer des avancées technologiques de ce genre, entre autres choses tout aussi bonnes à savoir (et ça tombe bien, comme j’en ai fait un article, vous n’avez qu’à cliquer sur le lien pour en savoir plus ;)).
En tout cas, une chose est sûre, pour moi qui essaye de crédibiliser la science-fiction à travers mes recherches, si j’étais transhumaniste, je n’aurais qu’à me baisser et ramasser toutes les miettes que l’on me tend. Malheureusement, je ne le suis pas et si je cherche à démontrer que la science-fiction porte des discours intéressants pour notre société actuelle et son développement futur, ça n’est certainement pas dans la même optique qu’eux.
Sur ce, si vous n’avez rien compris à tout ce que je viens de vous raconter sur le Transhumanisme, la Singularité et tout ce joyeux bordel (et même si vous avez tout compris, d’ailleurs), je vous invite à regarder la très bonne vidéo de Dirty Biology qui se trouve juste ici (vous pouvez aussi regarder toutes les autres vidéos de la chaîne : elles sont bien, elles sont TRÈS bien) :
Alors, seriez-vous prêts à devenir des robots ou vous battrez-vous pour votre humanité, vous qui êtes déjà connectés de toute part ? Dites-moi tout dans les commentaires !
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