Histoire d’Usinor

Usinor, fondé en 1948 par la fusion des Forges et Aciéries du Nord et de l’Est avec les Hauts Fourneaux et Forges de Denain-Anzin, est rapidement devenu un pilier de la sidérurgie française. Suite à la crise des années 1970, il a été nationalisé en 1981 pour assurer sa survie. En 1986, Usinor a fusionné avec Sacilor, formant Usinor-Sacilor, et a été privatisé en 1995. En 2002, une fusion avec les groupes Arbed (Luxembourg) et Aceralia (Espagne) a donné naissance à Arcelor, aujourd’hui intégré dans ArcelorMittal après une fusion en 2006. 

Grèves et fermeture d’Usinor

Dans les années 1970 et 1980, face à la crise sidérurgique et aux projets de restructuration menaçant les emplois, les ouvriers d’Usinor Denain-Anzin ont mené de nombreuses grèves pour empêcher la fermeture de leur site. Ces mouvements de protestation étaient marqués par une forte mobilisation des syndicats et des employés, qui craignaient non seulement la perte de leur travail, mais aussi les répercussions sociales et économiques pour la région, où l’usine était un employeur majeur. Malgré les manifestations et les blocages organisés pour attirer l’attention des pouvoirs publics et préserver les emplois, le site de Denain a finalement cessé son activité en 1980, marquant un tournant dans l’histoire industrielle et sociale du Nord de la France. 

Quand les portes d’Usinor se sont fermées, c’est toute une communauté qui a vu une part de son identité s’éteindre. Usinor n’était pas simplement une usine : c’était un lieu de vie, une fierté locale, et une source de stabilité pour des milliers de familles. Sa disparition a laissé un vide, une empreinte indélébile dans la région, marquant la mémoire collective et le quotidien des habitants qui, aujourd’hui encore, se souviennent de l’impact de cette perte.

L’arbre de l’espoir… oublié

Article : "Unimetal : l'arbre de l'espoir sur la place d'Armes", nom du journal et date de publication inconnus
Article : « Unimetal : l’arbre de l’espoir sur la place d’Armes », nom du journal et date de publication inconnus

L’Arbre d’Usinor, que j’ai choisi d’appeler « l’Arbre Oublié », se trouve sur le rond-point de la place du Canada Valenciennes, témoin silencieux d’une époque marquée par la lutte et la solidarité ouvrière. Construit par les sidérurgistes eux-mêmes dans les années 1980, cet arbre en métal symbolisait à l’origine l’espoir et la résilience face à la fermeture de l’usine Usinor. Installé pour la première fois sur la Place d’Armes de Valenciennes, il servait de point de ralliement pour les manifestations et les rassemblements syndicaux, rappelant à la fois la force de l’industrie locale et la détermination des travailleurs à protéger leurs emplois.

« La C.F.D.T. qui souhaite absolument sensibiliser le public a donc décidé d’offrir à la ville de Valenciennes ce bel « objet ». « Le but de l’action » explique Joël Holin, délégué C.F.D.T. « est de sortir des traditions. Cette forme d’action est symbolique pour Usinor Trith. Elle prouve qu’elle ne produit pas uniquement de la sidérurgie lourde mais aussi du matériel sophistiqué. Pour nous, c’est un monument historique et notre volonté est que cet arbre reste définitivement exposé dans le centre ville. » […] Reste à savoir si, comme le souhaitent les sidérurgistes, ce symbole de la sidérurgie restera définitivement sur la grand place. » (voir article ci-contre)

Aujourd’hui, l’Arbre d’Usinor est difficilement accessible, encerclé par les voitures qui empruntent le rond-point en masse toute la journée et sans aménagements piétons sécurisés pour s’en approcher. Malgré son emplacement au cœur d’un carrefour très fréquenté, il semble quelque peu oublié, comme une relique d’un passé industriel qui, peu à peu, s’efface des mémoires. Pourtant, il demeure un symbole de résistance et un hommage aux luttes des ouvriers du Nord, rappelant le combat pour la dignité et le respect des travailleurs. Cet arbre est un monument vivant de la mémoire collective, un arbre d’acier qui résiste aux vents du temps, même s’il est désormais éloigné du regard de ceux qu’il représentait autrefois.

Rallumer la flamme !

L’Arbre d’Usinor, façonné à partir d’étais métalliques fabriqués par les ouvriers d’Usinor et destinés à soutenir les tunnels de mine, témoignent à la fois de la créativité et du savoir-faire des sidérurgistes du Nord de la France. Ces étais, courbés et assemblés pour donner forme à cet arbre de métal, symbolisent la résilience et l’ingéniosité des travailleurs, transformant des outils industriels en une œuvre artistique pleine de signification. L’Arbre devient ainsi un pilier de mémoire collective, rappelant les sacrifices et le labeur des ouvriers. Il s’élève tel un symbole de transition entre l’ombre des tunnels et la lumière de la surface, rendant hommage aux générations de travailleurs tout en incarnant un espoir de renouveau pour l’identité ouvrière du Nord. 

L’Arbre Oublié d’Usinor est bien plus qu’une sculpture métallique ; c’est un témoin silencieux de l’histoire industrielle et ouvrière de notre région. À travers cet arbre, j’aimerais inciter chacun à se souvenir ou à se créer des souvenirs au sujet d’Usinor. Que vous ayez connu l’époque d’Usinor, de près ou de loin, ou que vous soyez d’une génération pour qui cette histoire est transmise, je vous invite à partager vos témoignages, anecdotes et réflexions.

Cet arbre est, à mes yeux, une sorte d’arbre généalogique qui porte en lui les traces du passé et les espoirs du futur. En laissant ici vos souvenirs, vous contribuez à faire vivre cet héritage et à le transmettre pour inspirer les générations futures. Ensemble, faisons de l’Arbre d’Usinor un symbole vivant, un lieu de mémoire et d’échange intergénérationnel pour que cette histoire continue de résonner, de génération en génération.

Ensemble, rendons hommage à l’Arbre Oublié d’Usinor en partageant nos histoires et en redonnant vie aux souvenirs enfouis. Peu importe d’où vous venez ou ce que vous savez d’Usinor, chaque mot et chaque témoignage sont précieux. Ils s’ajouteront à l’histoire d’un territoire marqué par le courage de ses habitants et montreront que l’esprit d’Usinor ne s’effacera jamais.